Le PDG du volailler Tilly-Sabco, Daniel Sauvaget, a estimé le lundi 21 octobre 2013 que seul un rapprochement avec son concurrent Doux était en mesure de sauver les deux entreprises et donc la filière avicole bretonne.
« On va dans le mur si on ne s'organise pas », a affirmé, lors de l'inauguration d'un nouvel atelier, le PDG de Tilly-Sabco, entreprise en grande difficulté depuis la fin des subventions européennes à l'exportation, appelant à un rapprochement avec le groupe Doux, en redressement judiciaire depuis juin 2012.
Il s'agirait, selon lui, de « créer une entreprise » spécialiste de l'exportation de poulets, qui regrouperait « les usines du Finistère affectées à cette activité de Tilly-Sabco et de Doux ». « Il faut remodeler une nouvelle filière pour être en capacité de retourner voir l'Europe et lui dire : nous ne voulons pas la réinstauration des restitutions (les subventions européennes, ndlr) d'hier, nous exigeons simplement un soutien dégressif sur les cinq ou six prochaines années », a ajouté M. Sauvaget.
Il a estimé qu'un rapprochement avec le groupe Doux était « le seul moyen de se restructurer financièrement et de manière intelligente et d'avoir la crédibilité nécessaire vis-à-vis de Bruxelles ». « Si on ne prend pas cette décision rapidement, les deux entreprises sont condamnées à très court terme », a assuré le PDG lors d'une visite de l'atelier de saucisse de poulet de l'usine de Guerlesquin (Finistère), récemment modernisé.
« La rudesse des temps fait que cette idée fait son chemin », a-t-il dit, interrogé pour savoir si Doux était favorable à une telle initiative. « Ils n'ont pas d'autre choix que d'envisager cette solution », a-t-il affirmé.
« Ce n'est pas à l'ordre du jour », a cependant réagi le groupe Doux dans un communiqué. « Une telle alliance buterait sur la différence entre les modèles d'entreprise, intégré pour Doux et externalisé pour Tilly-Sabco », a expliqué Doux dans son communiqué, estimant qu'il « convient de laisser la procédure du groupe Doux aller à son terme ».
Tilly-Sabco, deuxième acteur de la filière du poulet de grande exportation après Doux, a annoncé à la fin d'août qu'il allait réduire de 40 % sa production, conséquence selon l'entreprise de l'impact à l'exportation de l'arrêt annoncé en juillet des restitutions européennes et de l'effondrement des marchés.
L'entreprise, qui a réalisé en 2012 un chiffre d'affaires de 136 millions d'euros – principalement au Moyen-Orient – et emploie 340 personnes, inaugurait lundi son nouvel atelier de fabrication de saucisses de poulet. Un investissement de quatre millions d'euros qui supprime les tâches difficiles pour les salariés car les saucisses sont convoyées exclusivement par tapis depuis la mise en boyaux jusqu'à leur emballage, une première mondiale, selon l'entreprise.
Cet investissement augmente de 40 % la capacité de production de l'atelier, avec l'objectif de générer davantage de valeur pour moins dépendre de l'activité poulet, selon M. Sauvaget, qui a précisé que l'activité saucisse couvrait quasi 22 % des frais fixes de l'entreprise, qui produit et exporte des saucisses de poulet congelées depuis 1993.