Doux s'est résigné à être vendu après l'échec d'un plan de redressement du groupe familial basé à Châteaulin (Finistère). Plusieurs grands noms de l'agroalimentaire se sont d'ores et déjà déclarés.
« Nous cherchons une solution de reprise globale et coordonnée avec l'ensemble des acteurs de la filière, sous l'égide des pouvoirs publics », a déclaré, vendredi 22 juin, Régis Valliot, administrateur judiciaire chargé du dossier depuis le 1er juin.
« Au bout de trois semaines d'observation, on a fait le constat que la trésorerie est trop difficile et que l'on vit d'expédients [...]. On ne va pas durer longtemps comme cela », a ajouté M. Valliot. Selon lui, une solution de sauvetage du groupe Doux, connu pour sa marque « Père Dodu », doit être trouvée « au maximum pour la fin du mois de juillet ».
Pour tenir d'ici là, un actif non stratégique, une usine d'aliments pour chiens, a été mis en vente pour un montant de 17 millions d'euros.
Pour l'administrateur judiciaire, la solution de reprise « devra maintenir les activités, sauvegarder un maximum d'emplois et apurer le passif dans les meilleures proportions possibles ».
Plombé par une dette estimée à plus de 430 millions d'euros, le groupe fait l'objet de convoitises. Plusieurs grands noms de l'agroalimentaire se sont d'ores et déjà déclarés. Le groupe Duc a évoqué, quelques jours à peine après le dépôt de bilan de son concurrent, des « synergies » possibles « dans les mois à venir ».
D'autres opérateurs sont aussi sur les rangs. Dans son édition du 23 juin, Le Monde cite la société cotée en Bourse LDC, connue pour sa marque Loué, ou encore le groupe coopératif Terrena.
Dans ce dossier hautement politique, l'objectif est d'éviter tout démantèlement. Une solution envisagée serait que les candidats se rassemblent dans un consortium. « L'ensemble de la filière recherche une solution globale », souligne-t-on au ministère de l'Agriculture, où l'on ne veut pas entendre parler de vente à la découpe.
La crainte est que, si seuls les bons morceaux sont vendus, il y ait de la casse sociale. Avec 3.400 salariés, le groupe Doux est un acteur de poids dans les zones rurales. Sans compter les milliers d'emplois induits.
La FNSEA a appelé, jeudi, à une « solution rapide » pour soulager les quelque 700 à 800 éleveurs, dont certains n'ont pas été payés des semaines durant. Son président, Xavier Beulin, réclame aussi une réflexion sur l'ensemble d'une filière déjà mal en point et que la défaillance de Doux fragilise plus encore.
Les syndicats de l'entreprise ont été surpris par l'annonce. La CFDT a fait part de ses craintes pour l'emploi, mais la CGT a affirmé que la solution de la vente était « faisable ».
Pour Michel Morin, vice-président PS de la région Bretagne qui suit le dossier, la mise en vente du groupe est « une très bonne nouvelle ». C'est « une décision que nous appelions de nos vœux », a-t-il dit. « Cela va permettre aux repreneurs potentiels de travailler à une proposition de reprise car, jusqu'à maintenant, la situation était bloquée ». « Il y a des gens intéressés par une cession globale », a-t-il ajouté.
Lire également :
Volailles : Doux dément les rumeurs de vente (22 juin 2012)