Les 1.700 salariés du pôle frais du groupe Doux, placé en liquidation, devraient être fixés sur leur sort vendredi, date-butoir arrêtée par le tribunal de commerce de Quimper pour le dépôt d'offres de reprise : aucune offre n'avait été déposée mercredi, mais plusieurs noms circulent.
« Ça discute, ça bouge (..), on peut espérer que les discussions débouchent sur du concret », explique une source proche du dossier, qui cite un intérêt pour l'abattoir de poulets de Laval (303 emplois) de la part du groupe LDC, tout comme les abattoirs de Blancafort (Cher, 244 emplois) et Serent (Morbihan, 175 emplois) intéresseraient le groupe Duc.
Les discussions entre les différents partenaires se déroulent dans la plus grande discrétion. Le tribunal a mis en liquidation judiciaire, le 1er août dernier, le secteur « frais » (abattage, découpe et conditionnement de la volaille vendue en rayons frais), « historiquement déficitaire » du volailler finistérien, mettant sur la sellette 1.704 emplois. Les juges ont accordé un délai, jusqu'au 10 août, pour de nouvelles offres de reprise. Si aucun repreneur ne se manifeste, et sauf rebondissement, le tribunal a fixé au 10 septembre la fin de la période d'activité.
Pour les autres activités de Doux (export et produits élaborés), le tribunal a prolongé la période d'observation jusqu'au 30 novembre. La CGT et FO ont fait connaître leur intention de faire appel du jugement. Mais cet appel, qui doit être formulé avant le 13 août, n'est pas suspensif.
Un comité central d'entreprise (CCE) doit se réunir au siège de Doux à Châteaulin (Finistère) le 21 août, selon la CFDT, syndicat majoritaire.
« Si Duc veut faire une offre tout seul, il devra trouver un autre soutien financier que celui de Sofiprotéol », selon cette source proche du dossier, le groupe Duc ayant fait partie du consortium de plusieurs entreprises (Duc, LDC, Terrena, Tilly-Sabco et Triskalia) qui a présenté une offre de reprise globale de Doux rejetée par le tribunal en raison de son caractère indivisible.
Les différents acteurs du consortium devaient se réunir mercredi, selon une autre source. Sofiproteol n'a pas confirmé l'information. « Des discussions se poursuivent au sein du consortium », a indiqué une source proche du dossier.
Des « échanges de travail » au plus haut niveau ont eu lieu ces jours derniers entre les différents protagonistes. Le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, et le ministre délégué à l'Agroalimentaire, Guillaume Garot, soulignent notamment que « le dialogue se poursuit sous l'égide du gouvernement » qui « prendra toute initiative utile afin de contribuer à sauver le plus d'emplois possible ».
La décision de justice a révélé un antagonisme profond entre le fondateur du groupe, Charles Doux, 75 ans, et le leader de la FNSEA, Xavier Beulin, 53 ans, également président de Sofiprotéol, l'établissement financier de la filière des huiles et protéines végétales. Le premier a reproché publiquement au second un « mélange des genres » dû à sa double casquette.
« Les opérateurs entre eux ne se parlent pas ou par l'intermédiaire d'articles de presse », regrette-t-on du côté des pouvoirs publics, justifiant ainsi une « médiation de combat ».
De leur côté, les salariés de Doux expriment impatience et désarroi tels ceux des abattoirs morbihannais de Pleucadeuc et de Sérent (Morbihan) qui ont organisé, mercredi matin, une opération escargot jusqu'à la préfecture de Vannes. Environ 250 personnes ont participé à la manifestation, salariés, élus ou responsables syndicaux, entraînant d'importants embouteillages.
La CFDT du groupe avait appelé, mardi, Charles Doux et Xavier Beulin à dépasser leurs « oppositions formelles » afin de « sauvegarder la plus grande partie de l'outil industriel et commercial du groupe Doux ».