Se plaignant d'un « manque de représentativité », et souhaitant « davantage d'autonomie financière » au sein de l'interprofession de Bourgogne (BIVB), les viticulteurs de Chablis ont menacé vendredi de faire scission, alors que l'Etat plaide dans le sens opposé.
« On réfléchit sérieusement à créer notre propre interprofession », a déclaré Frédéric Gueguen, coprésident de l'appellation Chablis, présent à l'assemblée générale du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB).
Selon lui, les viticulteurs de Chablis (Yonne) participent à hauteur de 27 % au budget du BIVB, qui s'élève à près de 9 millions d'euros, et disent « ne pas se retrouver dans la communication globale de la Bourgogne, souvent axée sur Beaune et la Côte-d'Or ».
La décision des viticulteurs de Chablis devrait être prise lors d'une assemblée générale « à la fin de 2011 » ou « au début de 2012 », selon M. Gueguen.
Lors de son discours, le président du BIVB, Michel Baldassini, s'est dit « surpris » de cette situation.
« Le vignoble de Chablis bénéficie d'un statut particulier. Ils gèrent directement 50 % de leurs cotisations avec un personnel spécifique, tout en bénéficiant, sans limite, de toutes les autres opérations du BIVB », a-t-il déclaré, comparant Chablis à « l'enfant terrible de la famille Bourgogne ».
« Chablis a besoin de la Bourgogne, comme la Bourgogne a besoin de Chablis », a-t-il ajouté, avant de conclure qu'il y avait « une limite à tout ».
De son côté, la sous-préfète de Beaune, Evelyne Guyon, a rappelé que cette situation allait « à l'opposé » de la volonté de l'Etat qui souhaite, au contraire, développer « les synergies des bassins viticoles ».
En privé, certains viticulteurs bourguignons parlent de « gesticulations » et « d'exigences trop élevées » de la part du vignoble de Chablis.
Le vignoble de Chablis représente 5.200 hectares, 700 adhérents et 40 millions de bouteilles.