Depuis un an, les morts de la tempête Xynthia puis les expropriés des maisons classées en « zones de solidarité » ont fait la une des journaux. Mais la catastrophe vécue par le monde agricole a été éclipsée.
Les chiffres sont pourtant là : en Charente-Maritime, 23.000 ha de SAU ont été submergés, 1.000 exploitations touchées. Le montant des dégâts est impressionnant : 46,5 millions d'euros pour la seule profession agricole.
Différents dispositifs ont permis aux exploitants de garder la tête hors de l'eau : fonds de calamités agricoles, fonds d'allègement des charges, aides des collectivités locales et de la MSA. De 50 à 55 % des dommages devraient ainsi être pris en charge. Mais il en reste encore 45 % à autofinancer, dans un contexte agricole difficile.
« Les gens étaient déjà fragilisés », souligne Didier Gauchet, directeur de la chambre d'agriculture. « Ils n'ont pas pu mettre en place de cultures et les trésoreries sont maintenant handicapées par les achats de gypse. »
Deux cents exploitations charentaises ont vu en effet au moins la moitié de leurs terres rester sous la mer pendant plus de cinq jours. Ces terres n'ont rien produit l'an dernier. Et pourraient ne rien produire encore pendant deux ou trois ans. Les premiers gypsages ont été faits à la fin de l'été dernier. Mais il faudra encore en apporter.
Certains exploitants ont remis en culture dès l'an dernier leurs parcelles inondées, pas tant pour produire que pour aider à restructurer les sols. Mais si aujourd'hui le taux de sel s'est réduit dans les trente premiers centimètres de sol, « en profondeur, il reste problématique et nécessite un suivi », indique la chambre d'agriculture.
Pour l'instant, les services de la chambre n'ont pas encore noté d'augmentation significative dans les dépôts de dossiers Agridif ou RSA. Mais pour Didier Gauchet, « alors que le choc financier existe déjà, il risque d'être encore plus fort cette année ». D'autant que les récoltes ne seront toujours pas au rendez-vous alors que les achats de gypse doivent se poursuivre.
L'autre sujet d'inquiétude est celui des digues. Certes, la gravité de la catastrophe a provoqué une prise de conscience sur la nécessité de mieux les entretenir. Déjà, deux phases de travaux ont été réalisées pour les consolider, mais elles ont jusque-là concerné les digues protégeant les zones urbanisées.
Les digues agricoles, elles, ont été exclues du plan national relatif aux digues lancé l'été dernier. Mais elles devraient pourtant faire l'objet de la troisième phase des chantiers qui débute cette année.
Toujours à l'écoute Au lendemain du passage de Xynthia, la chambre d'agriculture a lancé un travail de fourmi pour connaître précisément les dégâts causés par la catastrophe dans les exploitations et leurs besoins, notamment en fourrages. Plus de 700 réponses ont été faites au questionnaire. Les services techniques diffusent des flashs ciblés pour les grandes cultures, les vignes, le maraîchage, etc., ainsi que des rappels sur les démarches administratives. De leur côté, le conseil général et la MSA ont envoyé sur le terrain des conseillers et des assistants sociaux. Les victimes ont été rencontrées, écoutées. Un an après la tempête, ce suivi se poursuit. |