Le gouvernement argentin a répondu avec fermeté aux accusations récentes de protectionnisme émanant de l'Union européenne, tout en avertissant qu'il pourrait interdire l'importation de certains produits exerçant une « concurrence déloyale ».
« Il n'y a aucun embargo sur aucun produit venant d'un autre pays, pas seulement de l'Europe », a déclaré, mercredi, la ministre argentine de l'Industrie, Debora Giorgi, au lendemain de la reprise à Buenos Aires des négociations en vue de conclure un accord de libre-échange entre l'UE et le Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay et Paraguay).
Les exportateurs européens accusent l'Argentine de délivrer au compte-goutte, depuis peu, les permis de circulation de produits agroalimentaires importés sur son sol et seulement dans les cas où il n'existe pas de produits équivalents élaborés sur place.
« Si les mesures persistaient, les négociations avec le Mercosur seraient nécessairement affectées », a déclaré, mardi, le commissaire européen en charge de l'Agriculture, Dacian Ciolos, lors d'une réunion avec les ministres européens, à Luxembourg.
Le point a été soulevé par la Grèce, qui s'est vu bloquer ses exportations de pêches en boîte vers l'Argentine (70 % de ses exportations). Elle a reçu mardi le soutien de 12 des 26 autres membres de l'UE, selon un diplomate européen.
La ministre argentine de l'Industrie a rétorqué que les importations avaient augmenté de « 72 % au mois de mai par rapport à l'année dernière », sur le site internet de la présidence argentine.
Elle a cependant ajouté que Buenos Aires n'autoriserait pas l'entrée de produits « qui représentent une concurrence déloyale, car ils font du dumping salarial, social, financier ou environnemental ».
Le Mercosur entend notamment discuter avec l'UE de « la complexité » de ses « subventions à l'investissement et l'exportation agricoles » lors de la réunion de Buenos Aires, qui se tenait jusqu'à vendredi, destinée à fixer les modalités techniques des négociations, a-t-elle ajouté.
Ces pourparlers étaient suspendus depuis 2004, car les pays européens craignent une trop forte concurrence des produits agricoles et d'élevage du Mercosur. Les pays sud-américains appréhendent en retour d'être envahis par les produits industriels européens.
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