La France a prévenu lundi qu'elle restera ferme sur la nécessité de garder une Pac forte en Europe, mais les ministres européens de l'Agriculture ne sont pas parvenus à un consensus sur des aspects clés de son avenir, lors d'une réunion à Bruxelles.
La Pac, aujourd'hui la « première des politiques intégrées » en Europe, « doit rester une des très grandes politiques stratégiques européennes. Là-dessus, il y a peu de marge de négociation du côté français », a prévenu Bruno Le Maire. Première puissance agricole, la France est aussi le premier bénéficiaire de la Pac.
Le ministre français s'est réjoui de voir que « les idées françaises de régulation des marchés agricoles gagnent du terrain en Europe », tout en reconnaissant qu'il restait encore « quatre ou cinq pays à convaincre ».
La présidence espagnole de l'UE a soumis lundi aux ministres européens un texte sur les mesures de gestion des marchés au sein de la Pac après 2013. Les ministres ont également échangé leur point de vue sur l'amélioration du fonctionnement des filières d'approvisionnement alimentaire.
Un point en particulier était critiqué, la question d'une adaptation des règles de la concurrence aux spécificités du secteur agricole. « Nous préférons nous conformer aux règles de concurrence plutôt que les changer », a fait valoir le ministre suédois Eskil Erlandsson, qui plaide pour « considérer les agriculteurs comme des entrepreneurs ».
Les discussions sur l'avenir de la Pac et le futur budget de l'UE à partir de 2014 ne font que commencer.
Lundi, le commissaire européen à l'Agriculture, Dacian Ciolos, a annoncé qu'il souhaitait « encourager le débat » sur l'avenir de la Pac, dans le but d'organiser à la mi-juillet une conférence pour « synthétiser » les arguments.
A la faveur de ce chantier, plusieurs pays européens souhaiteraient réduire fortement la part des dépenses allouées à l'agriculture.
D'autres – Italie, France, Grèce et Autriche notamment – se sont au contraire prononcés lundi en faveur du maintien d'un financement fort pour la Pac.
L'Allemagne, de son côté, a jugé ce débat prématuré, soulignant qu'il ne fallait pas préjuger de la discussion sur le budget de l'UE, selon des sources diplomatiques.
Sur l'avenir de la Pac, la France et l'Allemagne mènent « une concertation forte », a dit Bruno Le Maire. Selon lui, Paris entend « parvenir à un accord sur une contribution conjointe » franco-allemande d'ici à juin.