Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) appelle à développer en France un tourisme « au plus près des terroirs » qui intègre « l'ensemble des territoires », dans un projet d'avis présenté le 13 novembre.
Le CESE y prône un tourisme « durable en matière économique, sociale et environnementale », ce qui, selon les mots de la rapporteure, Christine Dupuis, suppose de « repenser le tourisme [de masse] tel qu'il est pratiqué depuis la naissance des congés payés ». « Aujourd'hui, 20 % des territoires accueillent 80 % des touristes en France », et ce « surtout en juin-juillet-août », a-t-elle dit devant la presse.
Aux yeux du CESE, l'objectif est d'« irriguer l'ensemble des territoires », en encourageant de nouvelles formes de tourisme respectueuses de l'environnement, comme le cyclotourisme, la randonnée, le tourisme fluvial... L'organisme suggère « d'engager une réflexion » pour simplifier les labels afin de les rendre plus lisibles et d'encourager le tourisme chez l'habitant.
« Il faut penser le tourisme différemment. Consommer local, utiliser moins d'eau, penser durable et offrir un tourisme accessible à tous, et plus proche de la nature », selon Mme Dupuis. Le CESE appelle à promouvoir le « tourisme des résidents » [les Français], en développant le tourisme social, le tourisme des séniors ou le tourisme d'affaires, qui peuvent « favoriser le tourisme hors saison ».
Dans le secteur hôtelier, le CESE juge « crucial de préserver la liberté commerciale et tarifaire des professionnels » et de « rééquilibrer » les relations entre hôtels et plateformes de réservation, ce qui va dans le sens de ce que réclament les hôteliers face à Expedia, Booking, etc.
Miser sur internet
Le CESE préconise la mise en place d'un portail public de référencement des offres labellisées (écolabels, accessibilité...) pour faciliter les réservations en ligne auprès de ces établissements, sans intermédiaires. Il appelle les professionnels à mettre les bouchées doubles sur le numérique pour mieux vendre leur offre et à « se regrouper » - surtout les « petits hôtels isolés » - pour être « mieux référencés » sur internet.
Le CESE suggère aussi d'augmenter les capacités d'hébergement en privilégiant la rénovation des structures existantes. « Il ne faut pas construire d'un côté et laisser en friches les anciennes résidences de l'autre. » C'est pourquoi « on propose de basculer les exonérations fiscales » dont profitent les constructions touristiques neuves vers la réhabilitation de structures existantes, « à condition de les louer ensuite » à des touristes pendant une certaine durée, a indiqué Mme Dupuis. Une mesure qui permettrait, selon le CESE, de « moins impacter l'environnement, l'espace et le foncier » qu'avec du neuf.
Le CESE souhaite aussi davantage de financements pour le tourisme social mais il se garde de tout chiffrage, en ces temps d'économies. Il prend acte de l'essor des locations entre particuliers, une offre « économiquement accessible » et souvent vue comme « plus conviviale et authentique », mais invite à endiguer « les dérives » de certains investisseurs qui font une concurrence déloyale aux hôteliers. Le CESE suggère notamment de requalifier en meublés touristiques les biens loués à des touristes « de manière quasi continue » et de les taxer en conséquence – une idée en phase avec le projet gouvernemental d'une taxe de séjour pour des plateformes comme Airbnb.
Logement des saisonniers : rénover et construire
Évoquant l'épineuse question du logement des saisonniers, souvent « hors de prix » pour des salariés rémunérés au Smic, le CESE propose de défiscaliser les rénovations, ou les créations de logements qui leur seraient destinés. Il déplore que le budget d'Etat d'Atout France pour promouvoir la destination France fasse « pâle figure » comparé notamment à celui de l'Espagne, six fois plus élevé.
Enfin, le CESE juge « impératif d'améliorer les statistiques » sur le tourisme (régulièrement contestées, ndlr) pour permettre « une vision stratégique claire ».