La grille de la sous-préfecture de Morlaix (Finistère) a été défoncée le lundi 4 novembre 2013 lors d'une manifestation des salariés de l'entreprise agroalimentaire en difficulté Tilly-Sabco, deuxième exportateur de poulets français, à l'aide d'un engin de levage, a constaté un correspondant de l'AFP.
Un manifestant, coiffé d'un bonnet rouge, s'est mis aux commandes de l'engin, garé devant la sous-préfecture, et a défoncé le portail en métal, permettant aux manifestants – 150 à 200 personnes selon la police – de pénétrer dans la cour.
Un cadre de Tilly-Sabco, Jean-Pierre Garion, a assuré avoir donné l'ordre de mener cette action, pour « montrer qu'on est déterminés ». « Cela fait neuf mois qu'on fait des délégations, ça ne sert à rien, on nous mène en bateau. On nous prend pour des guignols », a ajouté devant la presse ce responsable en approvisionnement.
Peu après, les forces de l'ordre ont pris position dans le jardin et un feu a été allumé par les manifestants dans la cour, alimenté par des feuillages et des pneus déversés par un tracteur.
Cette action a été menée alors que se tenait une réunion entre le sous-préfet et le PDG de l'entreprise, Daniel Sauvaget. Ce dernier est intervenu pour calmer les esprits et éviter que les salariés ne s'engouffrent dans le bâtiment.
M. Sauvaget a annoncé la semaine dernière qu'à partir de janvier, l'entreprise Tilly-Sabco, qui emploie quelque 340 personnes, cesserait son activité de poulet d'exportation. Celle-ci représente 90 % de son chiffre d'affaires (136 millions d'euros en 2012). Cette décision menace un millier d'emplois, selon le PDG.
Le 18 juillet, Bruxelles a supprimé les aides à l'exportation pour les poulets congelés. Ces « restitutions » permettaient aux poulets européens de concurrencer les volailles brésiliennes sur le marché international, notamment au Moyen-Orient.
M. Sauvaget est venu à la sous-préfecture réclamer « que le gouvernement exige et obtienne de l'Europe une aide qui compense les restitutions », faute de quoi il sera impossible pour l'entreprise, selon lui, de concurrencer le Brésil à l'exportation.
« Le message que j'ai fait passer, c'est qu'il y a un seul responsable, le ministre de l'Agriculture [Stéphane] Le Foll », a dit M. Sauvaget à l'issue de la réunion. « Son unique responsabilité, c'est d'obtenir que l'Europe remette en place les aides à l'exportation, sans quoi nous sommes morts. Il porte la responsabilité du devenir de nos emplois », a-t-il dit.
« On restera là tant qu'on n'aura pas de réponse de la part de Stéphane Le Foll. On demande qu'il se batte pour qu'on remette en place le mécanisme des aides, a dit à l'AFP Corinne Nicole, déléguée CGT. Aujourd'hui, si les salariés sont sortis dans la rue, c'est qu'ils n'ont plus rien à perdre », a-t-elle ajouté.
A l'issue d'un CE extraordinaire, les manifestants avaient accompagné leur PDG en organisant une opération escargot entre le siège de l'entreprise à Guerlesquin (Finistère) et la sous-préfecture de Morlaix.
Devant ces événements, la mairie de Morlaix a été fermée « dans un souci d'apaisement », a précisé la maire (UMP), Agnès Le Brun. Députée européenne, Mme Le Brun était à Bruxelles où elle négociait des rendez-vous pour les représentants de la filière avicole et de Tilly-Sabco avec le commissaire européen à l'Agriculture, Dacian Ciolos, et le commissaire européen au Marché intérieur, Michel Barnier, a-t-elle indiqué à l'AFP.
Bruxelles a supprimé les aides à l'exportation
mardi 05 novembre 2013 - 10h45
Que Bruxelles supprime les aides à l'exportation pour les poulets congelés, c'est connu par la profession depuis longtemps. Au niveau du commerce international, le fait d'obtenir des aides pour une entreprise fausse la concurrence, et les Etats sont condamnés. C'est la raison pour laquelle on tend à supprimer les aides. Pour revenir à Bruxelles, les entrepreneurs ont eu largement le temps de s'adapter. Certes, ce n'est pas toujours facile, mais il en est ainsi. Que M. Sauvaget et consort fassent croire à leurs salariés que c'est la faute des autres ce qui leur arrive est un peu fort. Il était au courant de tout et n'a tout simplement pas voulu réagir.