Bruno Le Maire, en démarrant mercredi après-midi, sa rencontre avec les représentants professionnels agricoles de la Charente-Maritime, semblait très touché par ce qu’il avait pu découvrir de la catastrophe au cours des heures précédentes.
« Nous allons apporter notre soutien et proposer les solutions les plus concrètes possibles. Il faut reconstruire sur le long terme et ne pas perdre un seul hectare agricole. Il faut garantir aux exploitations qu’elles pourront repartir, et qu’elles pourront le faire dans de bonnes conditions », a déclaré le ministre.
Bruno Le Maire a annoncé que le dispositif de lutte contre les calamités agricoles est enclenché et qu’il prendra en compte les pertes de fonds et les pertes de récolte non assurables. « Le préfet va démarrer immédiatement une enquête, exploitation par exploitation. J’insiste sur l’aspect humain. Il faut que les agriculteurs soient aidés, entourés… L’aide prendra la forme d’un accompagnement très personnalisé de chaque agriculteur. »
Une première mesure, immédiate, va permettre d’alléger les trésoreries, d’autant plus insupportables que l’agriculture est en crise. Une enveloppe de 5 millions d’euros est débloquée pour aider à payer les cotisations MSA et, pour les jeunes agriculteurs, les intérêts d’emprunt.
« Un comité national d'assurance en agriculture, affecté spécialement au traitement des conséquences de la tempête Xynthia, sera organisé dès que le ministère de l’Agriculture disposera du résultat des enquêtes départementales. La reconnaissance du caractère de calamité agricole permettra alors le dépôt des dossiers individuels », indique un communiqué du ministère.
Une autre tâche va être de remettre en état les sols recouverts par la mer et donc salinisés. Le coût du gypsage de ces terres va donc être évalué dans les prochaines semaines et les effets du sel se faisant sentir plusieurs années sur les terres concernées, Bruno Le Maire a promis un accompagnement sur le long terme.
Le ministre a assuré avoir envoyé un conseiller à Bruxelles pour vérifier la conformité des aides prévues au regard des règles européennes en la matière.
Luc Servant, président de la chambre d’agriculture de la Charente-Maritime, a insisté sur la nécessité de prendre en compte l’ensemble des étendues touchées par l’inondation salée et de ne pas oublier les exploitations plus éloignées au sud du département, dans les marais de la Gironde ou chez les maraîchers dont les serres ont été emportées.
A tous les agriculteurs, « il faut donner un signe fort d’accompagnement », a-t-il déclaré au ministre. « Il faut qu’ils soient pris en charge et que leurs outils de production soient remis en état… »
Luc Servant a également rapporté que la chambre d'agriculture, qui a mis en place dès lundi un numéro vert pour les agriculteurs victimes de la tempête, a commencé mercredi à recevoir des appels désespérés de certains d’entre eux.
« Des exploitations sont noyées à 100 %. Parmi les appels que nous avons reçus, certains sont très préoccupants. Il faut mettre en place une cellule de veille, de vigilance, et prévoir un accompagnement psychologique », a expliqué le président de la chambre d'agriculture.
Il demande que des pompes soient apportées sur le littoral charentais pour pouvoir renvoyer l’eau à la mer. Les pompes de drainage ont en effet été détruites par l’inondation. « Il ne faut pas oublier que ces terres sont sous le niveau de la mer. »
D’autres matériels sont donc nécessaires pour évacuer l’eau encore présente. Il demande aussi que soient pris en compte les fourrages dans le calcul des aides. Ceux qui étaient stockés ont été détruits. Et il n’y aura pas de récolte cette année.
Enfin, il souhaite un peu plus de souplesse de la part de l’Administration sur les contrats agri-environnementaux. Le député Jean-Louis Léonard est venu lui prêter main forte : « Dans les marais littoraux s’est développé un élevage exemplaire sur le plan environnemental. Mais pour les financements, c’est pire chaque année. Cette année, seulement 70 % des demandes de contrats ont pu être satisfaites. Il faut répondre à la totalité des besoins concernant le renouvellement de ces contrats. »
Controverse sur les digues
« Les digues avaient été affaiblies par la tempête de 1999, mais rien n’a été fait depuis », a regretté François Avrard, de la FDSEA de la Charente-Maritime, face au ministre. « Pour envoyer une pelle sur les mizottes (partie des marais sur laquelle sont construites les digues), il faut demander quinze autorisations. » Quant à l’aménagement des digues elles-mêmes, elles font l’objet d’études d’impact parfois multiples qui font tarder la prise de décision… Sont visés les organismes de protection de l’environnement qui souhaitent que les zones submersibles le restent. « On vient de voir les résultats. Les terres sont effectivement sous l’eau… » |
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