Après les dégâts causés par la tempête Xynthia, la population cherche des responsables à la catastrophe et montre du doigt les élus locaux ou l’État, accusé de s’être désengagé dans la gestion des digues.
Chez les agriculteurs, le coupable est plus rapidement désigné : les organismes et associations liés à la protection de l’environnement, Diren, Conservatoire du littoral, Ligue de protection des oiseaux, associations locales...
Sur les 144 km de digues de la Charente-Maritime, 10 % ont été détruites par la mer. Les digues ont été réparées par endroits, mais « c’était seulement du replâtrage ». Tout au long du littoral, les agriculteurs témoignent des difficultés rencontrées depuis dix ans pour travailler sur les digues.
Alors que la tempête de 1999 et le premier raz-de-marée avaient déjà malmené les digues, il a depuis été impossible de les consolider, et a fortiori de les rehausser. Près de Charron, un exploitant assure avoir fait plusieurs demandes d’autorisation, sans succès.
A Fourras, une entreprise de travaux publics a proposé à un agriculteur de lui apporter gratuitement des gravats pour consolider une digue de sable : « Matériau non conforme », lui a-t-il été répondu. « Le projet est tombé à l’eau, c’est le cas de le dire. »
Dans la baie de l’Aiguillon, ce sont les pierres d’enrochement noires qui ne donnaient pas satisfaction, parce qu’elles n’avaient pas la couleur du calcaire présent naturellement. « Mais les associations écologistes voulaient du calcaire », témoigne un agriculteur. « Pourtant, le calcaire n’est pas étanche et il est plus léger que le granit. La mer l’a emporté… »
Un autre l’assure : « Ils ne veulent pas voir le moindre camion ni la moindre pelle sur les digues. » Et il ajoute : « Il n’est pas sûr qu’on ait gagné sur le plan écologique. Mais on sait ce qu’on a perdu sur les plans humain et économique… »
Enfin, les plus découragés envisagent d’abandonner. « Qu’ils se réjouissent quand les marais sont inondés d’eau douce, nous le comprenons. Mais le sel, lui, stérilise tout. Si nous abandonnons, les écolos vont être contents, ce sont eux qui auront gagné… »
François Avrard, président de la FDSEA de la Charente-Maritime, pondère les propos. « La biodiversité, nous sommes entièrement d’accord qu’il faut s’en préoccuper. Mais il faut aussi protéger les gens qui sont derrière les digues. »
Une catastrophe écologique
Dans tous les cours d’eau, fleuve Charente, canaux et rigoles des marais, on trouve des poissons morts, tués par le sel, et ce jusqu’à 20 km à l’intérieur des terres. Le long du fleuve Charente, les digues ont été emportées. Mais celles-ci sont sur des terres privées, dont les propriétaires ont à peine les moyens de les entretenir, en tout cas pas ceux de les reconstruire. Nul ne sait comment et par qui elles pourront être réaménagées. « Il faut que les digues soient refaites, mais pas seulement, précise encore François Avrard, président de la FDSEA de la Charente-Maritime. Ensuite, il faudra les entretenir. » |