« Malgré de nombreux projets de développement », la situation économique de la zone de l'euro et la frilosité des banquiers français inquiètent Coop de France. Lors d'une conférence de rentrée, à Paris le 26 septembre 2011, l'organisation a essayé de tracer des perspectives. Pour Philippe Mangin, son président, il faut d'abord s'attaquer aux problèmes structurels qui gangrènent toutes les filières : le déficit de compétitivité, la volatilité des prix et la faiblesse de l'organisation des producteurs français.
Pour gagner en compétitivité, Philippe Mangin estime que trois ingrédients sont nécessaires :
• Une baisse des charges pour limiter les coûts de production ;
• De l'innovation, que ne favorise pas aujourd'hui « l'ambiance inquiétante en Europe » ;
• La captation de valeur ajoutée. « Ce qui est davantage de notre responsabilité », a déclaré le président de Coop de France : « Il faut davantage segmenter les produits ou jouer sur l'effet de taille. De gros projets de regroupement sont en cours », a-t-il indiqué, sans dévoiler les coopératives concernées.
Du fait de la volatilité des prix et de la financiarisation des marchés, il constate des difficultés majeures pour les coopératives à fixer les achats. « La prise de risque devient insupportable. » Coop de France espère ainsi voir aboutir les recommandations du G20. Quant aux propositions pour la Pac après 2013 dans ce domaine, elle les juge « beaucoup trop pauvres », tout en qualifiant les premières propositions qui circulent « plutôt de bonne base ».
Enfin, face à l'organisation des producteurs « qui reste une faiblesse française », Philippe Mangin exhorte à un changement de mentalité. Il estime que les filières ne doivent plus faire de « résistance » quant au transfert de propriété (en fruits et légumes) et à la contractualisation et que l'offre doit être regroupée (dans une démarche de filière). Sur ce dernier point, il a cité l'exemple de la filière bovine « très atomisée ».
Pour Coop de France, un autre problème fragilise cette filière : « le tout exportation ». « Cette politique risque d'assécher les outils industriels français qui manqueront de matière première, craint le président de Coop de France. Nous allons bientôt exporter les animaux vifs et importer la viande ! » Par le biais de la presse, il en appelle au bon sens de Bruno Le Maire, qui « n'a jamais le temps de nous recevoir ». C'est ainsi que Coop de France justifie son manque d'enthousiasme à rejoindre le GIE d'exportation.
« Malmenée par certains syndicats et le ministre de l'Agriculture », sur ce sujet et bien d'autres, Coop de France consacrera son congrès national des 28 et 29 novembre 2011 « à répondre aux critiques et aux attentes des agriculteurs », ou plutôt, des seuls « coopérateurs ». Un plan d'action sera dévoilé à cette occasion. Coop de France travaille également à la rédaction d'un livre blanc, à destination des candidats aux élections présidentielles de 2012.
Visionnez l'interview de Philippe Mangin ci-dessous.