Face à l'absence totale de visibilité, la coopérative laitière est actuellement « dans l'incapacité de donner un prix moyen annuel », a annoncé jeudi son président.
Lors de l'assemblée générale de Sodiaal, qui a eu lieu le 18 juin à Paris, une partie des délégués présents a laissé transparaître inquiétude et mécontentement. L'exercice est d'habitude très formel. Cette année, une douzaine d'interventions ont fait remonter une certaine impatience. L'un appelant les industriels à réagir, l'autre demandant comment enclencher le remboursement des parts sociales... Par ailleurs, lors du vote pour la reconduction ou le remplacement des délégués sortants de la région Bretagne-Est, un jeune éleveur breton s'est présenté en « candidat libre », court-circuitant l'instance régionale et obtenant finalement 40% des voix (insuffisant pour être élu, les deux sortants, Pascal Nizan et Philippe Charlotin, étant reconduits).
L'inquiétude était justifiée : Sodiaal a présenté un résultat 2014 en très forte baisse (avec un résultat net consolidé à 4 millions d'euros, pour un chiffre d'affaires de 5,43 milliards), malgré une conjoncture de début d'année excellente, et un endettement élevé de 262 millions d'euros. Le retournement brutal des cours mondiaux du beurre et de la poudre a touché de plein fouet les activités export, en particulier celle d'Eurosérum. Cerise sur le gâteau, le conseil d'administration a refusé de s'engager sur un prix du lait moyen pour 2015. « Cette année, nous sommes dans l'incapacité de donner un prix moyen annuel, justifiait Damien Lacombe, président de la coopérative. Nous sommes confrontés à une absence totale de visibilité. »
Il a énuméré les raisons. « A court terme, il y a des éléments d'inquiétude : une collecte qui a fortement redémarré en Europe du Nord, un marché russe qui n'est pas rouvert, des stocks importants en Nouvelle-Zélande, un prix en baisse à la distribution... Mais il y a des éléments positifs : le pic de collecte est dépassé, la parité €/$ est à notre avantage, la forte consommation américaine va absorber leurs stocks, les coûts de production augmentent un peu partout dans le monde (résorbant l'écart de compétitivité), et il y a toujours des exportations vers la Chine, même si la tendance est à la baisse par rapport à 2014. La tendance de fond est une croissance des marchés à moyen terme. »
Sans doute pour montrer qu'elles ne restaient pas inactives dans cette mauvaise passe, les équipes ont longuement présenté les principaux projets de développement. Et Damien Lacombe l'a rappelé dans son discours de clôture, plus de 100 millions d'euros d'investissements sont prévus chaque année jusqu'en 2020 pour moderniser les outils et conquérir des marchés nationaux ou export.