L'ancien secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a critiqué samedi à Rome le manque de coopération internationale face à la crise alimentaire actuelle et dénoncé la mainmise de certains pays sur les terres agricoles des pays plus pauvres.
« Avec le problème du changement climatique, la sécurité alimentaire et nutritionnelle mondiale est l'enjeu de notre époque », a souligné M. Annan, lors d'une conférence de presse à la FAO, l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture.
« Si les pays ne peuvent faire cause commune pour parvenir à la sécurité alimentaire, le plus fondamental des droits de l'homme, nos espoirs d'une coopération internationale plus globale semblent condamnés », a-t-il ajouté, selon un communiqué.
Prix Nobel de la paix 2001, M. Annan préside l'Alliance pour une révolution verte en Afrique (Agra), financée par des fondations philanthropiques américaines et l'aide au développement britannique.
Selon lui, on assiste ces dernières années à « une inquiétante régression » qui prend la forme d'une montée du protectionnisme, d'interdictions unilatérales d'exportation et d'accords exclusifs « répondant aux besoins alimentaires des riches mais pas des pauvres ».
M. Annan a en outre jugé « très dérangeant » la mainmise des pays riches sur des terres dans des pays pauvres.
« Il est alarmant d'apprendre d'un récent rapport que des terres agricoles équivalant à un territoire grand comme la France ont été achetées en 2009 en Afrique par des fonds à risques et autres spéculateurs », a-t-il dit.
« Il n'est ni juste ni viable que des terres agricoles soient ainsi dérobées aux communautés, ni que de la nourriture soit exportée de pays où les habitants ne mangent pas à leur faim. Les populations locales ne toléreront pas cet abus, et nous non plus », a-t-il dit.
M. Annan a également insisté sur la nécessité d'accroître la recherche sur les avantages et les impacts des agrocarburants sur la sécurité alimentaire, sur les petits exploitants et les femmes dans l'agriculture.