Si la sécheresse et l'insécurité sont les facteurs déterminants de la catastrophe humanitaire dans la Corne de l'Afrique, des mesures structurelles comme des investissements suffisants dans l'agriculture auraient pu limiter son impact, selon des ONG.
La situation en Afrique de l'Est, et notamment en Somalie où l'ONU a décrété officiellement la famine dans deux provinces, est due avant tout à des questions de climat et d'insécurité, mais des facteurs plus structurels y ont aussi contribué, souligne Romain Philippe, de la Confédération des ONG européennes de développement Concord.
« Pendant des années, la communauté internationale, y compris l'Union européenne, n'a pas assez investi dans l'agriculture parce que c'était passé de mode », relève Marc-Olivier Herman, du bureau européen d'Oxfam.
Entre 2005 et 2008, 6 % de l'aide au développement à l'Ethiopie sont allés à l'agriculture. Dans le cas du Kenya, cette part n'a été que de 7 % et dans celui de la Somalie, seulement 1 %, souligne-t-il.
Or plus de 80 % de la population de ces pays vit en milieu rural et dépend de l'agriculture, un secteur qui compte pour 45 % du PIB de l'Ethiopie ou de 65 % de celui de la Somalie.
Depuis la crise alimentaire de 2008, qui s'est traduite par une flambée des prix des denrées alimentaires de base, « tout le monde s'est réveillé, y compris l'UE », concède-t-il. La Commission européenne s'est ainsi engagée en 2009 à consacrer 2,7 milliards d'euros d'ici à 2012 pour soutenir l'agriculture et la sécurité alimentaire dans les pays en développement.
Mais des années de sous-investissement dans ce secteur clé ont contribué à fragiliser encore plus les pays déjà très fragiles de la Corne de l'Afrique, et à rendre les effets de la sécheresse actuelle « d'autant plus désastreux », estime Marc-Olivier Herman.
La sécheresse qui sévit actuellement dans la région, la pire depuis soixante ans, a déjà fait des dizaines de milliers de morts et menace 12 millions de personnes en Somalie, au Kenya, en Ethiopie, à Djibouti, au Soudan et en Ouganda.