Après deux reports successifs du vote sur le projet de règlement européen pour les vins biologiques, nouvelle tentative mardi et mercredi à Bruxelles. Le comité scientifique de la Commission permanente de l’agriculture biologique (Scof) doit se mettre d'accord, après les échecs des 26 avril et 18 mai 2010.
À la demande de l’Italie, le vote du comité sur ce projet de règlement européen, prévu initialement le 26 avril, avait été reporté une première fois. Le principal point de blocage concerne une proposition de la Commission qui souhaite plafonner les seuils de sulfites (SO2) utilisés comme conservateurs à des niveaux moins élevés que pour les vins traditionnels (50 mg/l en moins), occasionnant une opposition entre les « pro » d'un côté, comme l'Espagne et l'Italie, et les « anti » de l'autre, plutôt des pays du Nord (Allemagne, Autriche et République tchèque).
Le 18 mai, la France a présenté au Scof un projet de règlement qui, semble-t-il, fédérerait une majorité d’Etats membres : elle propose de fixer un taux de sulfites de 120 mg/l au lieu des 100 mg/l proposés par la Commission pour les vins rouges. Par ailleurs, la France a suggéré d’autoriser l’ajout de deux substances dans les vins biologiques : l’acide sorbique et le bisulfite d’ammonium. Elle a aussi demandé que soit rendue possible l’élimination physique des sulfites.
De manière générale, le projet présenté par la Commission européenne est très critiqué par les Etats membres et certains professionnels, contrairement aux entreprises viticoles européennes (CEEV). Les détracteurs considèrent que le cahier des charges proposé par Bruxelles laisse une trop large place aux pratiques industrielles (chauffage des vins à 65°C, microfiltration proche de la stérilisation à 0,1 micron, réduction de pH par membrane bipolaire, etc. ou ajout de certains intrants comme l'alginate de K, les acides d'ammonium) pour produire du vin qui se veut bio sur toute la ligne.
En cas d’avis négatif au sein du comité scientifique cette fois-ci, le dossier sera transmis au Conseil des ministres de l’UE. Mais le temps presse : l'adoption de ce texte ayant pris du retard, les chances de le voir s'appliquer aux vins bio de la prochaine récolte s'amoindrissent.
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