L'accord sur la réforme de la Pac conclu mercredi constitue « une nouvelle occasion ratée pour l'Europe de renouveler son action et sa crédibilité », juge la Coordination européenne Via Campesina (ECVC), dont font partie la Confédération paysanne et le Modef.
« Avec le chômage qui s'étend en Europe, un dérèglement climatique grandissant et des craintes pour la sécurité alimentaire, avec une population agricole qui chute faute de revenus et de perspectives, et une profonde crise de confiance des citoyens envers l'Europe, on pouvait espérer de la réforme de la Pac une réponse forte, capable de faire face aux enjeux d'aujourd'hui et de demain », écrit Via Campesina dans un communiqué du 27 juin 2013.
« Il y a quelques points positifs, le plus souvent laissés à la discrétion des États membres, comme les paiements directs couplés, notamment pour les légumineuses, la possibilité d'augmenter les paiements directs sur les premiers hectares, des mesures nombreuses et ouvertes pour le développement rural. Il y aura aussi un réel rapprochement du niveau de soutien entre les anciens et nouveaux États membres. Quant au rapprochement du niveau de soutien entre exploitations d'un État membre, il reste bien trop timide. »
« Nous saluons ces quelques avancées par rapport à la Pac actuelle car elles ont été disputées âprement aux égoïsmes des lobbies du système agro-industriel, qui pèsent de tout leur poids pour que rien ne change dans l'indécente injustice des soutiens à l'agriculture. »
« ECVC dénonce l'abandon de toute forme de régulation de la production laitière, qui va accélérer la disparition de très nombreuses exploitations. »
« Avec près de 60 milliards d'euros annuels, l'Europe a pourtant les moyens d'assurer une alimentation de qualité aux 500 millions de citoyens, de préserver les terres, les rivières et d'assurer un revenu aux paysans. »
« Mais les institutions européennes ont choisi de rester dans la logique agricole néolibérale à l'œuvre depuis l'accord OMC de 1994 : des produits agricoles vendus sur les marchés interne et international à des prix de dumping, inférieurs aux coûts de production, et des marchés dérégulés, livrés à la volatilité et à la spéculation. L'essentiel de la "politique agricole" consiste alors à distribuer des subventions pour maintenir la production, en approvisionnant l'aval à bas prix. Un cadre sans issue pour des millions de paysannes et paysans qui continueront à quitter le métier. »
« C'est une nouvelle occasion ratée pour l'Europe de renouveler son action et sa crédibilité à partir d'un aspect vital de notre vie : l'alimentation. C'est aujourd'hui dans chacun des États que va se concentrer l'action, non seulement sur l'application des politiques mais aussi, quotidiennement, sur les fermes. Les paysans européens de la Via Campesina, forts d'un mouvement qui grandit chaque jour, développent des systèmes plus autonomes et durables, créent des circuits locaux plus courts pour nourrir et mobiliser un nombre grandissant de citoyens et peser encore plus fort dans les réformes politiques fondamentales et indispensables toujours à venir », conclut le communiqué d'ECVC.