Mardi 25 juin, 3 heures du matin au bâtiment Kirchberg du Conseil européen à Luxembourg. Les agents de sécurité ont le sourire. Ils vont pouvoir aller se coucher. Le dernier trilogue de la journée vient de prendre fin. Une enfilade de bus attend les négociateurs. L'un emporte les membres de la Commission européenne vers son hôtel, un autre raccompagne la délégation de la présidence irlandaise de l'UE vers le sien. Les parlementaires rentrent directement à Bruxelles où se tiendra mercredi l'ultime trilogue.
Mardi, les Etats membres démarrent à 11 heures un nouveau conseil pour affiner les dernières marges de manœuvre. Les trois institutions ont trouvé des points de convergence sur les paiements directs et le développement rural. Mais plus la nuit avançait plus la négociation se durcissait sur l'OCM unique. Un accord reste donc à trouver.
Le temps européen de la négociation va s'achever. Pourtant, lundi matin à l'ouverture du premier Conseil, les ministres de l'Agriculture n'étaient pas encore entrés mentalement dans le processus final. L'esprit de la négociation a eu quelques difficultés à s'emparer d'eux. Mais, le ton ferme de l'irlandais Simon Coveney et du commissaire européen Dacian Ciolos ont permis à chacun de réduire sa liste de doléances de 10 ou 15 sujets à 3 ou 4 et de jeter enfin leurs dernières cartes sur la table.
Jeudi, la commission agricole du Parlement européen devrait procéder au vote avant une ratification en plénière en septembre. Personne n'ose crier victoire avant, d'autant que les négociations achoppent sur un autre dossier, celui des perspectives financières de l'UE pour 2014-2020...
Ensuite, viendra le temps franco-français. Stéphane Le Foll le prédit difficile. Au-delà de la redistribution draconienne des paiements, déjà douloureuse au moment du bilan de santé de la Pac en 2008, le ministre veut faire sauter le plafond des Gaec de trois exploitations regroupées, en ne mettant pas de limite au nombre d'exploitations. Il souhaite que la transparence des Gaec soit inscrite au marbre du règlement européen ces jours-ci. La Commission européenne travaille également en ce sens avec son armée de juristes. Le ministre veut aussi étendre l'éligibilité des aides découplées à tous les hectares sauf la vigne, autrement dit les fruits et légumes ou les cultures pérennes... La part du gâteau va se réduire.