Après une longue année de marasme entre la mi-2008 et la mi-2009, les échanges mondiaux des produits laitiers sont « convalescents », estime l'Institut de l'élevage dans son dossier sur les marchés mondiaux des produits laitiers de février 2010.
Mais leur santé reste fragile. Après avoir grimpé en flèche l'été dernier, les cours des produits industriels se sont stabilisés avant d'entamer un nouveau repli en fin d'année.
Les marchés tentent de retrouver un équilibre bouleversé par la tourmente financière de 2008, qui a plombé la consommation. La production mondiale de lait en a subi le contrecoup en 2009. Le prix à la production avait, lui, chuté dès 2008.
La croissance de la production a ralenti dans plusieurs régions, comme l'Amérique latine. Elle a stoppé en Amérique du Nord. Elle s'est à peine maintenue en Europe, avec néanmoins des contrastes entre le Nord réactif, l'Ouest hésitant et l'Est scindé entre le dynamisme de la Biélorussie et le recul de l'Ukraine et de la Russie. Les volumes ont même reflué en Chine, secouée par le scandale du lait contaminé à la mélamine.
« Seuls quelques pays, comme la Nouvelle-Zélande ou la Biélorussie, où les coûts de production sont parmi les plus faibles du monde, n'ont pas levé le pied », constate l'Institut de l'élevage.
C'est d'ailleurs la coopérative néo-zélandaise Fonterra qui a lancé le signal de la reprise dès le premier semestre de 2009, en remettant d'importants stocks de poudre de lait sur le marché. En parallèle, la Chine a accru ses achats extérieurs, notamment de poudre maigre, afin de compenser le recul provisoire de sa production.
Puis la consommation mondiale s'est rétablie au deuxième semestre. Conséquence, « les exportations de l'UE ont été relancées et les expéditions de l'Australie et surtout de la Nouvelle-Zélande sont restées dynamiques », souligne l'Institut. Seuls les Etats-Unis ont perdu du terrain : ils se sont repliés sur leur marché domestique, avec des mesures d’abattage de vaches laitières (2 % du troupeau).
Les cours des produits industriels ont donc amorcé leur remontée, malgré des stocks de beurre et de poudre maigre équivalents à 4 millions de tonnes (Mt) de lait, qui encombrent un marché mondial où s'échange l'équivalent de 45 Mt de lait par an.
Cependant, « ce rebond était surtout lié à un manque provisoire de disponibilités. Il est déjà terminé, constate Gérard You, de l'Institut de l'élevage. En 2010, le marché devrait naviguer entre deux eaux. Il est aujourd'hui dans une phase de tassement des prix. La poudre grasse et les fromages se maintiennent en euros mais le beurre et la poudre maigre reculent. Exprimée en dollars, la tendance est clairement baissière. »
Les tarifs restent néanmoins supérieurs à ceux qui prévalaient en 2006. Si un redressement se confirme en 2010, la production de lait sera elle aussi relancée, du moins dans les régions qui enregistraient déjà une croissance forte avant la crise.
La FAO table sur une croissance de 2 % sur l'année (soit 14 Mt), mais seulement dans le cas où le produit intérieur brut augmente de 4 %. Cependant, « l'équilibre des marchés reste très précaire » et soumis à la reprise de l’économie mondiale, conclut l'Institut. L'inconnue majeure est la consommation, en particulier dans les pays développés.
Les fabrications du beurre et de la poudre dépendent des fromages Les exportations de fromages se sont rétablies au cours de l'année 2009, grâce à une reprise de la demande des pays émergents. Ainsi, l'Europe, la Nouvelle-Zélande et l'Australie ont pu accroître leurs ventes. Mais les fabrications et les échanges en 2010 dépendront de la reprise de la consommation. Le marché du beurre sera soumis à l'évolution de la demande en fromages et en produits frais, ainsi qu'aux politiques de remise des stocks sur le marché. Ce sont ces deux éléments qui détermineront les volumes de lait excédentaires transformés en beurre. Il en ira de même pour la poudre maigre. |