Les trois familles de l'interprofession laitière réunie jeudi matin à Paris n'ont pas trouvé d'accord sur les indices de tendance du marché à transmettre aux interprofessions régionales pour que ces dernières puissent « éclairer » les entreprises sur le prix du lait pour le second trimestre de 2010.
Les industriels bloquent sur l'écart de prix entre l'Hexagone et ses concurrents, en particulier l'Allemagne, en 2009. Ils demandent que les indices transmis aux régions par l'interprofession nationale en tiennent compte de façon systématique. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
« Les transformateurs français ont “fait le gros dos” en 2009 pour aider les éleveurs à surmonter la crise du lait, argumente la Fédération nationale des coopératives laitières (FNCL). L’écart sur les prix moyens du lait était d’environ 15 % entre la France et ses concurrents. Cette situation [...] a continué à dégrader la situation des coopératives laitières françaises. »
« Avec un prix du lait supérieur de 15 % en 2009 à celui payé en Allemagne, notre principal client et fournisseur, le prix français s’inscrit parmi les plus élevés d’Europe. Ne pas tenir compte de cette situation serait dévastateur », prévient la Fédération nationale des industries laitières françaises (Fnil).
Cette dernière ne dénonce pas l'accord en vigueur mais elle refuse de « cautionner » les indices de tendance des marchés laitiers du second trimestre de 2010.
Les coopératives acceptent la diffusion des indices de tendance pour le second trimestre de 2010 mais elles veulent en retour avoir « des garanties pour travailler dès à présent à la construction d’une nouvelle régulation » au sein de l'interprofession.
Ce travail aboutirait à l'application « progressive d'un indicateur de compétitivité à partir du troisième trimestre, et la mise en œuvre de sa proposition de réguler le couple “volume-prix” de façon différenciée s’appuyant sur un indicateur de la valorisation du lait sur les marchés du beurre et de la poudre. » C’est pour elles la seule solution pour sortir l'interprofession de l’impasse.
De son côté, la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) considère que l’accord du 3 juin 2009 doit s’appliquer. Selon le mix-produit des entreprises, les indicateurs qui découlent progresseraient de 5,7 à 11,6 % par rapport au second trimestre de 2009. « Les représentants des producteurs porteront ces indices de tendance dans les prochaines réunions des interprofessions régionales pour application au deuxième trimestre de 2010 », affirme-t-elle.
« Aujourd'hui, on se bat pour la maîtrise des volumes », a réagi André Bouchut, secrétaire général de la Confédération paysanne, alors qu'il était mobilisé devant le siège de FranceAgriMer lors du conseil spécialisé des filières laitières pour obtenir un nouveau gel de l'augmentation des quotas. « Et en plus, ce matin la proposition de deux des trois familles de l'interprofession a été d'arrêter l'augmentation du prix du lait, voire de le baisser, au prétexte que la France est trop chère » vis-à-vis des autres Etats membres.
« C'est dramatique ce qui s'annonce, a-il regretté. La bataille pour la maîtrise des volumes est d'autant plus importante aujourd'hui puisque le prix du lait n'arrive pas à remonter. »
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