« De plus en plus d'éleveurs de porcs sont en détresse », ont alerté la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA) de la Mayenne, mardi, dans un communiqué, pointant notamment du doigt les « promos » pratiquées par la grande distribution sur la viande. L'Organisation nationale des éleveurs de porcs (Onep), affiliée à la Coordination rurale, souligne aussi, de son côté, la forte détérioration de la situation économique des producteurs et demande des mesures d'organisation du marché.
La FDSEA et les JA de la Mayenne dénoncent la « braderie » des « promos » sur la viande de porc en grandes et moyennes surfaces, soulignant les conséquences sociales dévastatrices de cette situation.
« Les enseignes s'arrachent les clients consommateurs à coups de promos. Un demi-porc à 1,40 euro le kilogramme chez l'un, l'échine de porc à 1,95 euro le kilogramme chez l'autre », relèvent les deux syndicats.
« Pendant ce temps, les éleveurs souffrent, le trou béant de l'endettement s'agrandit, bon nombre d'éleveurs de porcs ont jeté la clé et fermé leur élevage. (...) Les promotions sont payées par les éleveurs. Elles scotchent le prix au (marché au) cadran à 1 €/kg, un prix dérisoire. (...) La braderie doit être stoppée pour garder les éleveurs en France », ajoutent-ils.
« De plus en plus d'éleveurs sont en détresse. Au plan social, on a des couples qui se séparent, on a des tentatives de suicide. (...) Le porc, ça fait trois ans qu'on n'a pas de revenu et on n'en parle pas », a déploré Christophe Béchu (FDSEA).
L'Onep estime que « les deux tiers des éleveurs sont endettés à plus de 80 %, dont un tiers à plus de 100 %, entraînant des familles entières dans la détresse et à la ruine », déplore l'organisation syndicale. « La crise mondiale incriminée par certains a bon dos ! Alors que les stocks sont quasi nuls, les abatteurs continuent à faire pression sur les prix, tout en préservant leurs marges », dénonce-t-elle.
« Quand va-t-on s'attaquer aux causes réelles et profondes du mal ? Les prix agricoles ne représentent que 4 % des 17 % que les ménages consacrent à l'alimentation dans leur budget. Il faut donc en premier lieu relever significativement les prix à la production. L'inflation sera infime », propose l'organisation syndicale.
Elle demande également « une organisation commune de marché gérée par les producteurs dans une interprofession pluraliste, en adaptant régulièrement l'offre à la demande et en favorisant la répartition équitable des marges dans la filière, sous le contrôle des pouvoirs publics ».
« L'harmonisation des charges sociales doit être une priorité européenne pour venir à bout des distorsions de concurrence insupportables. Il faut instaurer une TVA sociale », poursuit l'Onep.
Elle demande en outre « le retrait de la nouvelle contrainte sur la transportabilité (l'éleveur qui expédie des porcs avec des anomalies, du type abcès, boiteries, etc. paie une pénalité à l'abattoir, voire le transporteur refuse de les prendre). Cette mesure franco-française pourrait coûter 1.500 €/an à un élevage moyen. Les services vétérinaires des abattoirs sont déjà compétents pour garantir la qualité sanitaire de la viande pour la consommation humaine ».