Aucun accord n'ayant été trouvé au niveau national sur le prix du lait, et la FNPL n'ayant pas l'intention de poursuivre sur une voie si mal engagée, les regards se tournent désormais vers les industriels. Quelle sera leur décision ? Quand annonceront-ils leur prix du lait pour juillet ? En attendant, « les producteurs n'ont toujours pas de visibilité », comme le souligne la Confédération paysanne.
Déjà les premiers signes de ras-le-bol se sont manifestés. Vendredi dernier, dans le Calvados, une laiterie Lactalis a été bloquée par une quinzaine de producteurs. Mais d'autres actions pourraient suivre, dans d'autres régions.
En effet, les communiqués d'avertissement fleurissent. La FNPL passant la main aux fédérations régionales, ce sont elles qui mettent en garde les transformateurs. Ainsi, dans le Massif central, la section laitière de la FRSEA a averti que « la colère des producteurs peut légitimement éclater » et appelle ces derniers à « se mobiliser ». Elle dénonce dans un communiqué du 26 juillet 2010 « l'attitude totalement irresponsable des transformateurs qui sont restés sourds aux propositions constructives formulées par la FNPL ».
« Malgré une conjoncture favorable, les entreprises se sont ingéniées à faire échouer les discussions », s'entêtant « à proposer un alignement pur et simple sur le prix allemand dans un marché français où les volumes sont maîtrisés », alors que « s'aligner au mois le mois sur le prix allemand n'a aucun sens ». En effet, en Allemagne, il existe de grands écarts de prix entre Länder, mais pas ou peu de saisonnalité. De plus, le marché en France, avec une meilleure valorisation des produits de grande consommation, « ne se comporte pas comme le marché allemand ».
Les industriels « démontrent ainsi le peu de cas qu'ils font du sort des producteurs si durement touchés par la crise en 2009, ils démontrent également que leur seule stratégie est une stratégie de profit à court terme sur le dos des producteurs », accuse encore la FRSEA.
La Confédération paysanne n'est pas en reste. Elle incrimine aussi les dissensions entre les trois familles de l'interprofession : « La FNPL et la FNCL veulent instaurer un système de double prix, ce à quoi s'oppose la Fnil, le tout sur fond de préoccupation de compétitivité commerciale, de référence aux erratiques cours mondiaux, au bénéfice de la finance, et au détriment des producteurs et des territoires ».
La Confédération paysanne souligne que :
• près de 95 % de la production laitière européenne est valorisée à l'intérieur de l'UE,
• durant la crise, la consommation de produits laitiers n'a pas diminué en UE,
• la crise laitière est une crise du commerce international,
• l'industrie laitière ne porte aucun intérêt à l'aménagement du territoire et au maintien des paysans.
Le syndicat appelle les pouvoirs publics à « définir et encadrer une politique laitière fondée sur la maîtrise, c'est-à-dire l'adaptation de l'offre à la demande de consommation européenne » car « l'agriculture n'est pas une activité économique comme les autres ». « Produire pour le marché alimentaire européen, avec protection aux frontières, est une question de volonté politique », conclut la Confédération paysanne.