La FNSEA constate que le plan de relance de l'élevage, annoncé le 6 mars par le gouvernement, « reprend en grande partie [ses] propositions et revendications ». Mais - à l'instar de la Confédération paysanne - elle attend « des actes ». Plus sévère, la Coordination parle d'une « nouvelle mascarade ».
FNSEA : « des actes, svp ! »
« Nous constatons que les mesures avancées reprennent en grande partie les propositions et revendications que la FNSEA ne cesse de marteler pour redonner un avenir à notre élevage. La mobilisation des éleveurs depuis plusieurs mois n'est donc pas restée vaine. La prise de conscience est faite », écrit la FNSEA dans un communiqué du 7 mars 2013.
« Cependant, elle ne suffit pas, loin de là, nous restons vigilants quant à la mise en œuvre de ces mesures et notamment sur le caractère d'extrême urgence de la situation. Une inquiétude montante face aux normes environnementales qui se durcissent, des négociations avec la grande distribution qui piétinent, les éleveurs sont à bout... »
« Il est impératif que les premières décisions soient mises en œuvre dans les plus brefs délais si nous voulons que l'élevage français conserve son professionnalisme, ses atouts, son niveau d'excellence et parte à l'abordage des marchés dans un esprit de reconquête qui garantisse revenus aux producteurs et confiance en l'avenir. Au-delà des mots, des actes ! », conclut la FNSEA.
Coordination rurale : « Un énième plan sans réponse aux angoisses des éleveurs »
La Coordination rurale (CR) se désole, dans un communiqué du 7 mars 2013, d'avoir appris le contenu [du plan gouvernemental] « par la presse et tient à réagir face à cette nouvelle mascarade ».
« Concernant les soutiens spécifiques liés à la prochaine Pac (soit au plus tôt en 2015), les propositions de ce plan n'apportent aucune visibilité à l'élevage français. Il y a même fort à parier que l'harmonisation des DPU pénalisera certains éleveurs dont les DPU comportent d'anciennes primes animales (PSBM, PAB...). »
« L'“assouplissement” du durcissement du cinquième plan d'action de la directive nitrates apparaît dérisoire à la CR [...] au vu de l'imposture scientifique à l'origine du problème : les nitrates ne représentent aucun danger pour la santé et ceux issus de l'agriculture ne sont pas responsables du développement des algues vertes. »
« Le développement de la méthanisation est un enjeu crucial pour nos élevages, si celui-ci n'était pas réservé aux plus gros d'entre eux, ce qui semble être le cas de ce plan. Par conséquent, ce plan risque même de précipiter la chute des plus faibles, incapables d'investir. »
« Les reports des échéances, qui cette fois-ci concernent les cotisations sociales, font suite à ceux du PSEA (plan de soutien exceptionnel à l'agriculture) de 2009 puis du plan d'urgence sécheresse de 2011, mis en place par le gouvernement précédent : ils ne font que remettre à plus tard la difficulté de paiement, alors qu'une année blanche aurait été un véritable coup de pouce. »
« Enfin, il est certes intéressant de se pencher sur le détail des relations commerciales et contractuelles, mais les intermédiaires ont montré qu'ils pouvaient contourner les cadres imposés en important des produits agricoles ou alimentaires à bas prix. C'est donc un travail politique plus profond qu'il convient de mener », fait encore valoir la CR.
La Confédération paysanne jugera sur « les actes »
« La prise de conscience est là, mais c'est sur les actes que nous jugerons », avertit la Confédération paysanne dans un communiqué du 8 mars. « Nous prenons acte que le gouvernement a pris conscience de [la] « détresse [des producteurs] et de la menace qui pèse sur l'élevage. Cependant, dans cette suite d'annonces, certaines vont dans le bons sens, d'autres restent trop floues et certains points sont inquiétants. »
« Parmi les signaux positifs, la remise à plat des dispositifs de contractualisation et des organisations de producteurs était une revendication constante de la Confédération paysanne, et nous participons à la réflexion sur ces sujets. »
« La réorientation des aides de la PAC vers l'élevage est, elle, de l'ordre de l'annonce. Nous attendons donc plus de précisions. Entre 5% de réorientation et 50%, l'incidence sur le revenu des éleveurs n'est pas le même. La référence aux coûts de production est une avancée mais à la condition qu'il y ait une réactivité importante. Pour nous, cette notion prend en compte les revenus des éleveurs, mais nous sommes surpris qu'il n'y soit pas explicitement fait référence. »
« Autre idée avancée, l'encouragement à la méthanisation n'est pas une solution pour sauver l'élevage. Elle légitime l'agrandissement à outrance et la concentration des exploitations. Par ailleurs, l'apport financier découlant de la production d'énergie ne doit pas être une justification à la sous-rémunération des produits agricoles. »
« La Confédération paysanne a établi un plan pour sauver l'élevage. Sur cette base, et puisque les pouvoirs publics sont décidés à se pencher sur cette question, nous sommes prêts à apporter notre contribution à l'élaboration de solutions à la crise que traversent l'élevage et ses éleveurs. »
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