Philippe Collin, porte-parole de la Confédération paysanne, a indiqué jeudi au Space que son syndicat rencontrera les candidats des « organisations démocratiques » se présentant à l’élection présidentielle pour leur présenter le projet de l’organisation sur l’avenir de l’agriculture.
Adopté lors du dernier congrès, celui-ci comprend dix mesures (agir sur les prix et les politiques agricoles, réinvestir l’aval, préserver les terres agricoles, favoriser l’accès au statut agricole, transmettre…).
Philippe Collin a notamment évoqué le volet du revenu et de la politique agricole. « Les politiques agricoles doivent s’appuyer sur une gestion des volumes. La régulation des marchés est la grande absente de la Pac. Il n’y a aucune ambition d’inverser la spirale pour que les paysans aient des prix rémunérateurs », a-t-il expliqué.
Interrogé sur les fuites relatives au projet de Bruxelles sur la réforme de la Pac, Philippe Collin a expliqué que « la volonté de plafonner les aides » était « un point positif ». En revanche, il a regretté que « la convergence des aides aux niveaux européen et national ne s’accompagne pas de redistribution. Il n’y a pas de système de dégressivité empêchant la concentration. Si on a une aide unique à l’hectare sans dégressivité, les plus grosses fermes ne seront pas pénalisées ».
Il a également estimé que la conditionnalité des aides est « faible et très peu lisible pour le citoyen-contribuable ». De plus, « la Commission reste sur des outils privés assuranciels qui retournent dans le second pilier de la Pac, en concurrence avec les fonds pour la compensation de handicaps et ceux pour l’environnement ».
Revenant à des mesures plus nationales, Philippe Collin a insisté sur la nécessité d’une vraie politique foncière pour éviter la concentration des exploitations. Il a également indiqué que la politique d’installation « a fait faillite ». De plus, « l’agriculture de demain ne sera pas celle d’aujourd’hui. Les paysans ont donc besoin d’accompagnement et d’outils pour faire évoluer leurs pratiques en lien avec l’environnement et les territoires ».
Evoquant la baisse de 26 % du nombre d’exploitations en dix ans, Philippe Collin a indiqué que l’aide à l’engraissement bovin réservée aux ateliers de plus de 50 places traduisait la volonté du gouvernement d’écarter les plus petites structures et donc de renforcer les plus grosses.
Le syndicat a également mis en avant la nécessité d’une maîtrise de la production porcine avec la réduction du poids de carcasse. « Nos responsables de groupement ont choisi la guerre économique entre bassins, mais à la guerre, ce sont les éleveurs qui vont disparaître », a déclaré Pierre Brosseau, responsable du dossier sur le porc à la Confédération paysanne. Il revendique 1,70 €/kg pour « sauver les producteurs ». Par ailleurs, les contrats céréaliers-éleveurs concernant le prix de l’aliment « sont un leurre », a-t-il expliqué.
De son côté, Gérard Durand, secrétaire national de la Confédération paysanne, a dressé un bilan de la sécheresse. Il a dénoncé le fait que le ministre n’ait pas pris d’arrêté d’interdiction du broyage des pailles. « Au lieu de payer 70-100 euros rendu cours de ferme, les éleveurs vont payer 100-125 euros », indique-t-il. Estimant que le déficit fourrager va représenter « 15.000-25.000 euros par exploitation », il demande que pour les éleveurs, l’annuité 2011 pour l’ensemble des prêts soit reportée en fin de période d’emprunt.
Enfin, Philippe Collin a expliqué que son syndicat accompagnera un producteur de lait qui va déposer un recours dans les jours à venir auprès du tribunal de Paris pour obtenir le remboursement des CVO (cotisations volontaires obligatoires) qu’il a payées à l’interprofession laitière.