Dans la baie de Lannion (Côtes-d'Armor), un projet de territoire met en œuvre le plan relatif aux algues vertes. Les agriculteurs s'y attellent, même si les contraintes sont nombreuses.
Edwige et Jean-Michel Kerboriou sont exploitants à Plouzélambre, sur le bassin versant de La Lieue-de-Grève, non loin de Plestin-les-Grèves. Ils sont à la tête d'un troupeau laitier de cinquante-six vaches laitières sur 80 ha et disposent d'un atelier de onze vaches allaitantes.
Comme de nombreux agriculteurs de ce secteur, Edwige et Jean-Michel n'ont pas attendu le plan de lutte contre les algues vertes pour s'engager en faveur de l'environnement. Dès 2003, ils ont signé un contrat individuel sur le bassin versant. Ces dernières années, ils ont réalisé des échanges parcellaires pour rapprocher des surfaces de leur siège d'exploitation et, en 2009, ils ont signé une MAE Ferti et Phyto.
Aujourd'hui, les éleveurs se sont portés volontaires comme ferme pilote sur la baie. Ils devront aller encore plus loin, encore plus vite. Le couple a décidé de développer un système fourrager à base d'herbe. « Les surfaces en herbe vont passer progressivement de 33 à 41 ha, explique Edwige Kerboriou. La part des céréales a été réduite de 18 à 8 ha, celle de maïs de 22 à 20 ha et devrait encore diminuer. »
Les éleveurs ont choisi d'arrêter l'atelier de taurillons pour le remplacer par des vaches allaitantes, système plus cohérent avec l'orientation prise.
Cet engagement vers l'herbe n'est pas sans contraintes. « L'optimisation du pâturage nécessite d'améliorer l'accessibilité des parcelles par la réalisation de chemins, rappelle l'animatrice de la chambre d'agriculture. Le maintien de la production laitière oblige à une augmentation du troupeau, donc à un agrandissement des bâtiments. Il faut fournir aux animaux en hiver un fourrage de bonne valeur alimentaire et pouvoir le récolter avec du matériel adapté, le stocker et le conserver dans des bonnes conditions. »
Pour Edwige et Jean-Michel, il faut compenser le manque à gagner lié à la réduction des cultures de vente et à la nécessité d'acheter de la paille.
Les dix fermes pilotes retenues sur les bassins versants de La Lieue-de-Grève ont pour objectif de mesurer l'impact des nouveaux systèmes sur les pratiques.
Elles permettront d'évaluer l'accompagnement technique et financier nécessaire. C'est le nerf de la guerre. « Pour que le projet réussisse, il faut préserver l'équilibre économique des exploitations », rappelle Jean-Noël Sidaner, président du comité professionnel agricole des bassins versants.
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Vers des systèmes plus herbagers Le projet de territoire de La Lieue-de-Grève privilégie le développement de systèmes plus herbagers. La zone comprend 180 exploitations, surtout laitières, et s'étend sur 8.000 ha. Avec une moyenne de 30 mg/l, le taux de nitrates se situe en dessous de la norme européenne (50 mg), mais la zone est sensible au développement des algues. Les objectifs sont d'atteindre 60 % de la SAU en herbe, une baisse de 10 % des entrées d'azote, la reconquête des zones humides. Les agriculteurs seront accompagnés : conseil technique, simulation économique, aide à l'investissement, carte pédologique et des potentiels de rendement, banque de fourrage. La réorganisation du parcellaire, très éclaté, reste l'une des clés de la réussite du projet. |