Cinq baies du Finistère (Douron, Guillec-Horn, Quillimadec-Alanan, Baie de Douarnenez, Baie de la Forêt) vont déposer leurs programmes d'action dans le cadre du plan de lutte contre les algues vertes d’ici à la fin de 2011, emboitant le pas aux baies « pilotes » de la Lieue de Grève et de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor).
A cette occasion, la profession agricole finistérienne (1) qui a adressé une lettre ouverte aux paysans du département, sur la base d'une position commune prise le 25 octobre 2011 lors d'un conseil de l'agriculture finistérienne, précise qu'elle ne cautionnera pas « des projets qui conduiraient inexorablement l’activité agricole vers le déclin ».
La profession qui se lasse d'obtenir des réponses à un « certain nombre de demandes préalables, restées sans réponse à ce jour » (1), prévient : « Tant que l’Etat, la Région et les collectivités territoriales n’auront pas pris d’engagements forts sur ces points, nous refuserons de poursuivre la mise en œuvre du plan de lutte contre les algues vertes dans le Finistère ».
Selon les organisations professionnelles signataires de la lettre, « le chemin qui a été choisi pour endiguer le phénomène des marées vertes n’est pas le bon, et [elles ont] le devoir d’alerter l’ensemble des agriculteurs avant qu’il ne soit trop tard, car l’enjeu dépasse les seuls bassins versants algues vertes ».
Les organisations regrettent que malgré leur implication depuis un an dans la mise en place des programmes d'action, et le constat d'une « amélioration nette et continue de la qualité des eaux superficielles » en Bretagne, « l'étau du plan algues vertes » ne se soit pas pour autant desserré autour d'eux.
Ainsi, selon la profession finistérienne, organisations et agriculteurs « se sont battus pour que les objectifs de réduction des flux d’azote soient réalistes et que les mesures proposées soient compatibles avec l’économie des territoires. Malgré cette implication, la lettre constate que « les objectifs de réduction des flux n’intègrent pas l’impératif de maintien de l’activité agricole ». Selon la profession, ils sont en réalité « inatteignables dans les délais impartis », et cèdent à l'inverse du pragmatisme à la facilité des mesures de l'ordre du « politiquement correct » qui n'auront « absolument aucun effet sur les flux d'azote » (conversion à l’agriculture bio, circuits courts...).
« Les revendications agricoles ne sont pas reprises dans les écrits » car la « démarche ascendante », s’appuyant sur les propositions du terrain pour l’élaboration des projets de territoire, « est un leurre », estiment les organisations signataires. Quant à la « démarche volontaire d’adhésion » des agriculteurs, elle se transformera en « adhésion obligatoire », préviennent-elles. Ainsi, des outils tels que les diagnostics individuels et les reliquats azotés, « présentés comme des indicateurs de l’engagement des agriculteurs, seraient transformés en moyens de contrôle », déplore la lettre.
Elle affirme que les agriculteurs bretons contribuent depuis longtemps à la protection de l’environnement et ont été les premiers à appliquer des règles de protection de la ressource en eau (bandes enherbées, couverts végétaux...). « L’expérimentation et l’innovation sont les solutions à privilégier à l’avenir, mais la profession agricole doit garder la maîtrise des éléments de recherche et de leur diffusion », martèle-t-on au sein de la profession agricole finistérienne.
Par ailleurs, celle-ci souligne qu'on ne lui a toujours pas fourni d'« expertise scientifique indépendante à l’échelle européenne, voire internationale, faisant la lumière sur le lien entre agriculture et marées vertes ».
Pour toutes ces raisons, « nous refusons de nous engager dans ces projets de territoires, tels qu’ils nous sont présentés actuellement », tranchent les organisations signataires de la lettre.
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(1) Les organisations signataires, invitées au conseil de l'agriculture finistérienne :
Adasea – Aveltis – Breiz Europe – Cecab – CER France 29 – Chambre d'agriculture – Clal ST Yvi – Cofiporc – Cogedis – Contrôle laitier – Cooperl – Porfimad – Prestor – Crédit Agricole – Crédit Mutuel de Bretagne – Doux – Even – FDSEA – GDS – Groupama – Icoopa – JA – Le Gouessant – MSA d'Armorique – Rolland SAS – Saveol – Sica St Pol – Sill – Sodiaal – SNC Bridel – Syproporcs – Triskalia.
(2) Les demandes préalables de la profession au préfet de Région :
- les mesures proposées doivent être cohérentes du point de vue agronomique,
- les outils de pilotage de la fertilisation tels que les reliquats doivent conserver
leur rôle pédagogique et non être utilisés à des fins de contrôle,
- la réglementation doit évoluer de façon à faciliter la substitution de l’azote
minéral par de l’azote organique et garantir la mise à disposition des terres
pour l’épandage,
- des moyens financiers doivent être débloqués afin de permettre la mise en
place d’installations de traitement des effluents d’élevage,
- le schéma directeur départemental des structures (SDDS) doit rester à la base des
décisions sur le foncier agricole,
- des garanties doivent être formalisées par écrit sur la confidentialité des
données individuelles.
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