L'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) a rendu, le 16 janvier 2013, un rapport très attendu concernant l'effet, sur les abeilles, de trois matières actives de la famille des néonicotinoïdes (clothianidine, imidaclopride et thiaméthoxam), réalisé à la demande de la Commission européenne. Les conclusions sont sévères.
Dans leur avis, basé sur une bibliographie de toutes les études disponibles, les experts expliquent avoir identifié des risques en relation avec trois principales voies d'exposition des insectes :
• par le pollen et le nectar des cultures traitées avec ces produits (traitements de semences ou microgranulés) ;
• par les poussières produites lors du semis (sauf pour la betterave et les cultures sous serre ou pour certains granulés) ;
• et, dans le cas du maïs traité au thiaméthoxam, par le liquide d'exsudat imprégné de pesticides auquel s'abreuvent parfois les abeilles.
Ces conclusions prennent en compte les nouvelles méthodes d'évaluation des risques sur les pollinisateurs des produits de protection des plantes, qui devraient faire l'objet d'un document final en mars 2013.
« L'Efsa focalise donc sur des risques hautement théoriques pour les abeilles, ignorant des années de monitoring indépendant qui démontrent que les risques identifiés sont gérés dans les conditions de pratique actuelle », souligne Syngenta, qui commercialise le thiaméthoxam, dans un communiqué paru mercredi. La firme pointe le fait que l'Efsa ne recommande pas l'interdiction de ces produits.
« Le thiaméthoxam a été utilisé en protection des semences sur des millions d'hectares pour plusieurs cultures en Europe au cours des dix dernières années. Cette technologie, lorsqu'elle est utilisée dans le respect des conditions d'usage définies, n'a pas d'impact sur les populations d'abeilles », se défend Syngenta. Pour la firme, l'heure est venue de « se concentrer sur les principaux facteurs affectant les abeilles, à savoir les maladies, le frelon asiatique, la perte d'habitat pour les abeilles sauvages et le manque de nourriture ».
La Commission européenne « a fait connaître sa décision d'inscrire le sujet à l'ordre du jour de la prochaine réunion du comité permanent de la chaîne alimentaire et de la santé animale (CP CASA) en charge de ces questions le 31 janvier prochain », indique le ministère de l'Agriculture dans un communiqué diffusé mercredi.
Stéphane Le Foll « est satisfait de la réactivité de la Commission et demandera que des mesures appropriées soient prises rapidement et mises en œuvre dans les meilleurs délais », ajoute le communiqué.