La France et la Pologne s'opposent « à toute remise en cause » de la politique agricole commune (Pac), a déclaré lundi à Varsovie le ministre français de l'Agriculture, Bruno Le Maire.
M. Le Maire venait d'avoir des entretiens avec son homologue polonais Marek Sawicki, moins d'une semaine après la réunion des ministres européens de l'Agriculture à Mérida, dans le sud-ouest de l'Espagne, où s'est engagée la bataille autour de la redistribution, après 2013, des milliards de la Pac.
« La France comme la Pologne veulent une politique agricole commune forte, moderne avec un budget nécessaire et nous sommes opposés à toute remise en cause de la politique agricole commune », a déclaré M. Le Maire au cours d'une conférence de presse commune avec M. Sawicki.
« En ce qui concerne les principes généraux, la convergence de vue entre la France et la Pologne est énorme », a déclaré de son côté M. Sawicki.
« Nous avons devant nous une très longue route faite de négociations, de persuasion, de discussions, tant de la part des nouveaux membres de l'Union que des anciens », a-t-il ajouté.
Au cours de la réunion du 1er juin à Mérida, la ministre britannique Caroline Spelman avait réclamé « une réduction et une réorientation » des subventions agricoles (40 % des dépenses européennes actuellement).
La France, premier bénéficiaire de la Pac (9,5 milliards d'euros en 2009), veut qu'elle reste la première politique communautaire. Paris et Berlin (deuxième bénéficiaire avec 6,3 milliards d'euros en 2009) tentent de monter une alliance avec la Pologne pour mieux peser face aux Britanniques.
« Nous estimons tous les deux qu'il faut une vraie régulation européenne des marchés agricoles », a déclaré M. Le Maire au côté de son homologue, « on a régulé les marchés financiers, pourquoi est-ce qu'on ne régulerait pas maintenant les marchés agricoles ? »
La Pologne (2,03 milliards de subventions en 2009) fait partie des nouveaux Etats membres de l'UE qui s'estiment lésés par les critères de répartition des aides fondés sur des niveaux de production historiques, et militent pour un rééquilibrage en leur faveur.
« La France a parfaitement conscience que nous avons besoin d'une Pac plus légitime et c'est pour cela que la France reconnaît que les références historiques doivent ête revues », a déclaré M. Le Maire.
Une telle révision des aides directes aux agriculteurs pourrait permettre de « niveler les différences et la division entre anciens et nouveaux membres » de l'UE, a estimé M. Sawicki.
M. Le Maire a évoqué à nouveau l'inquiétude d'une grande partie des membres de l'Union européenne pour leur agriculture, avec la relance officialisée en mai de négociations commerciales entre l'UE et le Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay et Paraguay).
« Nous avons réussi à réunir 15 Etats membres qui sont opposés à la reprise des négociations entre l'Union européenne et le Mercosur », a déclaré le ministre français.
« On ne peut pas demander à nos agriculteurs de respecter des règles sanitaires et environnementales si les produits importés ne respectent pas rigoureusement les mêmes règles sanitaires et les mêmes règles environnementales », a-t-il ajouté.
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