La Commission européenne a adopté mardi une décision autorisant la culture de la pomme de terre transgénique Amflora de BASF, indique un communiqué de Bruxelles. Le dossier avait été renvoyé à la Commission, les Etats membres n'ayant pas su dégager de position commune pour ou contre. Cette décision fait suite à treize ans de processus réglementaire et d'expertises, et sa validité est de dix ans.
En même temps, les maïs Mon863 x Mon810, Mon863 x NK603 et Mon863 x Mon810 x NK603 ont obtenu une autorisation d'importation, de transformation et d'utilisation en alimentation humaine et animale pour dix ans. Ces trois maïs sont issus du croisement traditionnel entre deux ou trois maïs génétiquement modifiés.
La pomme de terre Amflora est destinée à un usage exclusivement industriel pour la production d'amidon. Des « conditions de culture strictes » sont prévues « afin d'éviter que des pommes de terre transgéniques ne soient laissées dans les champs après la récolte et que des graines d'Amflora ne soient répandues accidentellement dans l'environnement », a précisé Bruxelles.
La présence, dans le tubercule, d'un gène marqueur de résistance aux antibiotiques est un sujet de préoccupation, mais la Commission européenne assure que cette question « a été examinée avec la plus grande attention ». Un avis favorable a été rendu par l'Efsa (Autorité européenne de sécurité sanitaire des aliments) le 11 juin 2009. Pour sa part, l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments avait émis un avis favorable dès 2005.
Les produits dérivés de l'extraction d'amidon de la pomme de terre Amflora pour être utilisés comme aliments pour animaux font l'objet d'une autorisation complémentaire.
BASF précise, dans un communiqué, que sa pomme de terre « est destinée aux pays qui sont d'ores et déjà prêts à l'utiliser », comme la Suède, la République tchèque, les Pays-Bas et l'Allemagne. La firme « n'a pas prévu, à ce jour, de la proposer aux industriels français et souhaite tenir compte des particularités et des demandes de chaque pays ».
Les réactions ne se sont pas faites attendre. « M.Barroso s’empresse de donner des gages aux pays exportateurs d’OGM alors qu’il n’a rien fait pour répondre aux exigences des Etats membres, portées par la présidence française en 2008, d’améliorer l’évaluation des risques des OGM et de réformer le fonctionnement de l’Efsa, agence non exempte de conflits d’intérêts », dénonce Corinne Lepage en réaction aux décisions de la Commission européenne.
Greenpeace s'insurge également contre l'autorisation de culture d'Amflora. « Depuis six ans, l’innocuité de cette pomme de terre fait l’objet de controverses scientifiques, explique Sarah Pecas, chargée de campagne OGM pour Greenpeace France. Par cette décision, Dalli, le commissaire pourtant chargé de la Protection des consommateurs nie tous les débats scientifiques sur les potentiels dangers que représente cette pomme de terre et le fait que l’opinion publique européenne ne veut pas d’OGM. » L'association réclame l'activation de la clause de sauvegarde pour interdire cette culture sur le territoire national.
La décision a été mal accueillie en Italie, où aucun OGM n'est actuellement cultivé. « Nous évaluerons la possibilité de promouvoir un front commun de tous les pays qui voudront s'unir à nous pour défendre la santé des citoyens et les agricultures identitaires européennes », a prévenu le ministre italien de l'Agriculture, Luca Zaia.
De son côté, l'eurodéputé allemand Martin Hässling (Verts) a estimé que la décision de la Commission d'autoriser l'Amflora était une « gifle » à la face des consommateurs européens.
« Chaque Etat est libre d'autoriser ou non la culture de cet OGM », a toutefois précisé le Commissaire européen chargé de la Santé, John Dalli.
La Commission a par ailleurs annoncé ce mardi son intention de « présenter d'ici à l'été une proposition [pour combiner] un système d'autorisation européen, reposant sur des bases scientifiques, [avec] la liberté de chaque Etat membre de décider s'il souhaite ou non cultiver des OGM sur son territoire. »