Le groupe de grande distribution Carrefour a choisi d'estampiller 300 produits de sa propre marque « nourri sans OGM », en réponse au souhait des consommateurs de savoir comment le bétail est nourri, a annoncé le directeur exécutif de Carrefour France au Journal du dimanche (JDD).
Le nouveau logo, vert et rond, « nourri sans OGM », fera son apparition mardi sur quelque 300 produits (veau, œufs...).
« Les consommateurs ignorent si le bétail est nourri avec des aliments génétiquement modifiés ou non, alors que 96 % d'entre eux souhaitent ces informations », explique James McCann dans un entretien au JDD paru samedi. En effet, « faute de décret sur l'étiquetage, la réglementation empêche aujourd'hui de les informer correctement », ajoute-t-il.
L'enseigne anticipe ainsi la promulgation d'un décret sur l'étiquetage des produits non modifiés génétiquement, en cours d'examen par le Haut-Conseil des biotechnologies.
En contrepartie de la traçabilité mise en place pour éviter toute contamination, les produits seront un peu plus chers, même si Carrefour « a choisi d'absorber l'essentiel du surcoût ». Les producteurs vendent la viande garantie sans OGM en moyenne 8 % plus cher mais l'impact sur le prix de vente sera de 2 % environ, détaille le distributeur.
Le groupe rappelle qu'il a développé en 1998, « par principe de précaution », une filière d'alimentation animale sans OGM, qui regroupe 3.000 producteurs, éleveurs et industriels de l'agroalimentaire. Les produits étiquetés sont garantis sans OGM à 99,1 %, « ce qui correspond au seuil communément admis », selon James McCann. Carrefour voudrait étendre la démarche aux produits laitiers, ajoute-t-il.
Pour José Bové, cette décision constitue « un signal important » pour les consommateurs. « Cela doit être une incitation pour l'ensemble de la grande distribution à avoir la même attitude », a-t-il souhaité lundi. Et d'ajouter : « Cela veut dire que le sans-OGM n'est pas réservé à une élite et qu'on peut aujourd'hui garantir du sans-OGM' cela est très important par rapport au discours qui veut faire croire que les OGM sont partout. »
WWF France a également salué l'initiative de l'enseigne de distribution, tout comme Greenpeace, qui y voit « une première pour la grande distribution en France », rappelant que seules quelques marques, comme les « poulets de Loué », pratiquent déjà un tel étiquetage.
« Aujourd'hui, pour être certains de consommer des produits issus d'animaux nourris sans OGM, les consommateurs n'ont d'autre choix que les produits bio », a rappelé Arnaud Apoteker, chargé de la campagne OGM de Greenpeace. « C'est l'effet domino que peut avoir cette initiative qui nous paraît très positif. Il est important de montrer aux producteurs de soja brésiliens, par exemple, qu'il y a une demande pour le soja sans OGM en Europe », a-t-il ajouté, soulignant qu'un tel étiquetage est pratiqué « en Allemagne et en Autriche ».