Organisé par l'Unaf (Union nationale de l'apiculture française), le premier congrès européen de l'apiculture s'est tenu du 11 au 14 octobre 2012 à Agen (Lot-et-Garonne). Pendant quatre jours, apiculteurs et experts, venus de toute l'Europe, ont apporté leur témoignage sur les sujets qui préoccupent aujourd'hui la filière apicole.
« Nous nous posons notamment des questions sur les tournesols et colzas mutés, sortes d'OGM échappant à la législation européenne, qui résistent à des herbicides non évalués sur les abeilles, explique Jean-Marie Sirvins, vice-président de l'Unaf. Nous demandons leur évaluation, y compris sur les larves d'abeilles. Aucune étude scientifique suffisamment longue n'a démontré l'innocuité des OGM nectarifères et pollinifères sur les abeilles, qu'ils produisent un insecticide ou qu'ils y soient résistants. »
L'Unaf et ses homologues européens s'opposent par ailleurs à la proposition de modification de la « directive miel » par la Commission européenne. Celle-ci propose que le pollen contenu dans le miel ne soit plus considéré comme un ingrédient, ce qui suppose un étiquetage s'il contient des OGM, mais comme un constituant du miel. Dès lors, il n'y aurait plus d'étiquetage imposé. Une proposition qui « ne règle pas le problème des OGM dans l'apiculture, mais celui de l'apiculture pour les producteurs d'OGM ».
Du côté des produits phytosanitaires, après l'interdiction du Cruiser OSR sur colza, l'Unaf demande celle du Cruiser sur maïs. « En Italie, tout enrobage de semences de maïs est interdit depuis 2008, témoigne Francesco Panella, président du syndicat apicole italien. Non seulement cela a permis de relancer l'apiculture, notamment dans la plaine du Pô, où un champ sur sept est un champ de maïs, mais grâce à un retour aux rotations des cultures, les dégâts dus à la chrysomèle ont été supprimés. »
Insecticide-parasite, un cocktail mortel
En 2011, des chercheurs du CNRS, de l'Inra et de l'Université B. Pascal de Clermont-Ferrand ont évalué, en laboratoire, l'influence des interactions pathogène-toxique sur la santé des abeilles. Ils ont exposé à de très faibles doses d'insecticides (fipronil et thiaclopride), des abeilles contaminées par Nosema, un parasite intestinal. Résultat : celles-ci succombent, alors que ce n'est pas le cas des abeilles saines. Aujourd'hui, le travail se poursuit pour découvrir le mode d'action responsable de cette synergie, mais aussi l'effet de cocktails de molécules en interaction avec Nosema. Des moyens de lutte naturels sont aussi à l'étude.