L'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) et l'Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV) ont annoncé, vendredi lors d'une conférence de presse à Paris, que les ventes d'antibiotiques ont atteint en 2011 leur plus bas niveau depuis 1999. Le volume des ventes se monte à 913,6 tonnes, soit presque 10 % de moins qu'en 2010, et 30 % de moins qu'il y a cinq ans.
« Attention aux fausses évidences, prévient Gérard Moulin, l'adjoint au directeur de l'Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV). Les tonnages vendus ne traduisent pas précisément l'utilisation des antibiotiques compte tenu des différences d'activité et de posologie entre les molécules. » Notamment entre les molécules les plus récentes et les anciennes.
L'Agence surveille aussi de près l'exposition des animaux à ces matières actives. « L'exposition a reculé de 15 % en cinq ans, poursuit-il. Elle a baissé de 3,7 % entre 2010 et 2011. » L'évolution varie d'une espèce à l'autre. Elle atteint 8,6 % pour les porcs, 6,9 % pour lapins, deux filières qui ont initié une démarche volontaire pour réduire leur consommation d'antibiotiques. L'exposition des volailles baisse de 4 % en un an et celle des bovins de 3,6 %.
Concernant les antibiotiques d'importance critique, le niveau d'exposition des animaux aux fluoroquinolones a été multiplié par 2 entre 1999 et 2011, et celle aux céphalosporines par 2,5. Sur les cinq dernières années, l'exposition aux fluoroquinolones a augmenté de 7 %, et celles aux céphalosporines de 3e et 4e générations de 9,4 %. « Après une période de forte croissance, elle semble s'infléchir et tendre vers la stabilisation », complète-t-il.
La décision prise en 2010 par la filière porcine de mettre en place un moratoire sur l'utilisation de céphalosporines de 3e et 4e génération « se traduit par une réduction de l'exposition des animaux à ces molécules de 51,8 % en un an, complète Gérard Moulin. Il y a encore des efforts à faire pour les fluoroquinolones chez les volailles, et les céphalosporines chez les bovins. Il est nécessaire que l'ensemble des filières mettent en place des démarches volontaires comme pour le porc et le lapin. »
Reste à voir l'impact qu'auront les initiatives des filières porcines et cunicoles sur les résistances bactériennes aux antibiotiques. « Il faut s'attendre à un recul des résistances mais pas aussi rapide que celui des consommations, observe Gilles Salvat, le directeur de la santé animale et du bien-être à l'Anses. Les bactéries résistantes persistent dans le milieu. » L'Agence présentera des résultats sur ses travaux lors de la journée nationale sur l'antibiorésistance qu'elle organise le 19 novembre prochain à Paris.
L'ANMV a aussi présenté le premier rapport annuel du dispositif français de pharmacovigilance. Autrement dit, le système qui recense les effets indésirables liés à l'utilisation des médicaments vétérinaires. « En 2011, nous avons enregistré 2.836 cas d'effets indésirables, précise Jean-Pierre Orand, le directeur de l'ANMV. Les remontées sont bonnes lorsqu'il y a une relation individuelle entre l'homme et l'animal, c'est-à-dire pour les carnivores domestiques et les bovins. Dans les filières hors-sol, il faudrait une approche différente. Une réflexion est en cours. »