Le groupe bancaire Crédit Agricole SA (Casa) a, une nouvelle fois, été lourdement plombé par la Grèce au 3e trimestre, en raison de la cession à perte de sa filiale Emporiki, qui aura au moins le mérite de mettre un terme définitif à sa coûteuse aventure dans ce pays.
De juillet à septembre 2012, l'entité cotée de la banque verte a subi une perte nette de 2,85 milliards d'euros, bien plus importante que ne l'anticipaient les analystes interrogés par l'agence DowJones, qui tablaient sur -1,76 milliard. Ces résultats ont été très mal accueillis à la Bourse de Paris, où le titre Crédit Agricole s'inscrivait en queue de l'indice CAC 40, avec un recul de 4,82 %, à 5,63 euros, peu après l'ouverture, vendredi.
Les diverses cessions engagées par la banque, dans le cadre de son recentrage, ont beaucoup pesé. La vente d'Emporiki à un autre établissement hellène, Alpha Bank, qui devrait être finalisée d'ici à la fin de l'année, a ainsi creusé le résultat à hauteur de 1,96 milliard d'euros.
Sur les neuf premiers mois de l'année, la Grèce, tant en ce qui concerne le programme d'échange de sa dette souveraine qu'Emporiki, a eu un impact négatif de 3,2 milliards d'euros sur les comptes de Casa.
En outre, la banque française a subi le coût de la déconsolidation de l'établissement espagnol Bankinter, où sa participation est passée sous le seuil de 20 % du capital en août, pour 193 millions, et de la cession de sa filiale de courtage Cheuvreux, pour laquelle il est entré en négociations exclusives avec le courtier Kepler cet été, pour 181 millions.
Sur un plan comptable, Crédit Agricole SA a également vu son résultat plombé par la réévaluation de sa dette, liée à l'amélioration des conditions de marché, pour 647 millions d'euros, et par une dépréciation d'écart d'acquisition en crédit à la consommation à hauteur de 572 millions.
« Tous ces impacts sont négatifs sur nos comptes, mais chacun comprendra qu'ils sont exceptionnels et qu'ils sont inscrits dans la bonne direction, à commencer par la cession d'Emporiki », a fait valoir le directeur général de Crédit Agricole SA, Jean-Paul Chifflet, lors d'une conférence téléphonique. En dehors de ces éléments non récurrents, Casa fait valoir que son bénéfice net s'élève à 716 millions d'euros, traduisant « une performance opérationnelle satisfaisante ».
« La baisse du résultat en banque de détail ne permet pas de se réjouir », remarque toutefois Tangi Le Liboux, analyste chez le courtier Aurel BGC. Le produit net bancaire (PNB, équivalent au chiffre d'affaires) recule de 31,9 %, à 3,43 milliards d'euros, mais la banque relève que la réévaluation de sa dette l'a rogné à hauteur d'un milliard. De même, son résultat brut d'exploitation s'effondre de 80,3 %, mais le repli n'est plus que de 8,2 % hors éléments exceptionnels.
Les résultats du groupe Crédit Agricole dans sa totalité plongent également dans le rouge, dans le sillage de ceux de Crédit Agricole SA, avec une perte nette de 2,21 milliards d'euros, en dépit du résultat positif des caisses régionales, à 853 millions. « Les performances des caisses mais aussi de tous les métiers qui les accompagnent permettent d'amortir le choc très dur lié à la Grèce et à Emporiki », a relevé M. Chifflet.
Le ratio de fonds propres « durs » (capital et bénéfices mis en réserve rapportés aux crédits consentis) atteignait 9,3 % pour Crédit Agricole SA, à la fin septembre. Ce ratio s'affichait à 11,3 %, un niveau très élevé, à l'échelle du groupe, qui a confirmé qu'il visait un ratio supérieur à 10 % fin 2013, selon le mode de calcul prévu par le futur cadre réglementaire Bâle III, une fois sa pleine entrée en vigueur fin 2018.
Concernant son plan d'adaptation, la banque indique avoir déjà atteint ses objectifs fixés en décembre 2011 et être même allée au-delà, en réduisant par exemple de 59 milliards d'euros ses besoins de financement quand elle avait annoncé viser 50 milliards.