Les fonds publics manquent pour financer des études d'envergure et complémentaires « en toute indépendance » sur les effets sanitaires des OGM, a estimé, mercredi, le directeur général de l'Anses, Marc Mortureux, devant des sénateurs.
Il faut que, « dans des cas bien spécifiques, on puisse mobiliser des financements pour pouvoir réaliser en toute indépendance un certain nombre d'études complémentaires, qui peuvent être coûteuses », a déclaré M. Mortureux lors d'une audition devant la commission des affaires économiques et du développement durable du Sénat.
« Aujourd'hui, on n'a pas les moyens par rapport à ça », a-t-il ajouté, précisant que ces fonds devraient être mobilisés en France ou au niveau européen.
M. Mortureux n'a pas remis en cause le fait que les études soient financées par les industriels. « C'est un bon principe qu'ils aient à apporter la preuve de l'innocuité de leur produit », a-t-il dit.
Mais, « une fois de temps en temps, quand on prend les études des industriels et ce qui existe dans la littérature scientifique, on a des questionnements », a-t-il ajouté.
L'Anses a réfuté, la semaine dernière, l'étude controversée du Professeur Gilles-Eric Séralini sur le maïs transgénique NK603, commercialisé par Monsanto, mais a appelé à engager des études sur les effets à long terme de la consommation d'OGM.
« Ces technologies sont encore assez récentes. Le NK603 est une plante où il y a eu une modification pour générer l'expression d'une protéine qui permet d'être résistant à l'herbicide Roundup », a expliqué M. Mortureux.
« Mais on commence à voir des dossiers dans lequels il n'y a pas qu'une protéine, mais cinq, et ça va potentiellement conduire à ce que la plante génétiquement modifiée soit de plus en plus éloignée de la plante d'origine », a-t-il poursuivi.
L'étude de l'équipe de Gilles-Eric Séralini a couté 3 millions d'euros, a indiqué Gérard Lasfargue, directeur-adjoint scientifique de l'Anses. Pour parvenir à une meilleure « puissance statistique », selon lui, avec non pas 10 rats testés par groupe, mais au moins 80, l'étude aurait couté « 10 millions, voire plus ».
Dans la foulée de l'avis de l'Anses, le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, avait déclaré qu'il y aurait « sûrement nécessité de refaire des études (de long terme) ».
Seules deux autres études portant sur la vie entière des animaux, comparables à celle du Professeur Séralini, ont été réalisées, mais sur d'autres OGM et avec d'autres protocoles.