La Chine reste en 2014 « l'acteur majeur » des marchés mondiaux des matières premières a révélé mercredi Philippe Chalmin, professeur à l'Université Paris Dauphine, lors de la présentation du nouveau rapport Cyclope devant la presse. Dans cette 28e édition intitulée « Dans le rêve du pavillon rouge » en référence au roman populaire chinois des années 1760, Philippe Chalmin et les 60 chercheurs ayant participé à la rédaction s'interrogent : La croissance chinoise va-t-elle perdurer ? Continuer sa progression ? La Chine va-t-elle connaître une crise ?
La Chine est devenue en effet depuis le début des années 2000 une composante importante des marchés mondiaux des matières premières. Elle se retrouve encore aujourd'hui sur le devant de la scène pour tous les produits, des céréales aux métaux en passant par le lait, la viande et le charbon. Elle est le premier consommateur mondial de charbon, de pétrole, des principaux métaux et de produits agricoles tels que le soja. Les auteurs du rapport prévoient une poursuite de la croissance effrénée du pays et de la demande en matières premières.
L'instabilité chinoise se répercute donc immanquablement sur les marchés mondiaux. « Soja, blé, maïs subissent les conséquences directes des soubresauts chinois » : refus de la part de la Chine de charger du maïs OGM, défaut d'acheteurs de soja du fait de difficultés financières, etc. L'économiste confie par ailleurs avoir « du mal à comprendre les tenants et aboutissants de la politique chinoise » qui fait preuve d'une stratégie commerciale particulière. Pour François Luguenot, un des auteurs, « la Chine joue un jeu dangereux » en constituant des stocks, notamment de soja, utilisés comme collatéraux, dans le but de « spéculer ailleurs ».
L'auditoire a évoqué la question des perspectives commerciales de la France en Chine : « Peut-on être sur le marché de la viande bovine ? » Ce à quoi Philippe Chalmin a répondu : « On vient de le faire dans le cochon, alors pourquoi pas ! » En effet, le numéro un français du porc, le groupe coopératif breton Cooperl, va exporter en Chine 850 de ses porcs reproducteurs, un contrat d'un montant de 1,5 million d'euros, a annoncé mardi le ministère français de l'Agriculture.
De manière plus générale, l'instabilité des marchés découlent de facteurs climatiques (sécheresse au Brésil, hiver rigoureux en Amérique du Nord, phénomène el Niño, etc.), technologiques (interrogations sur les gaz de schiste, biotechnologies), et géopolitiques. « Les marchés céréaliers sont au diapason de l'Ukraine », a estimé Francois Luguenot. La situation en Ukraine reste « confuse », à ses yeux. Le problème semble se poser pour la campagne à venir « si les surfaces sont semées, il y a quand même des incertitudes sur l'entretien des cultures en raison des difficultés financières des agriculteurs » précise t-il. Des entreprises de semences françaises, qui ont une filiale en Ukraine, vont probablement perdre beaucoup d'argent », a-t-il lancé.