En 2013, les marchés des matières premières sont encore en phase de hautes tensions, a indiqué mardi Philippe Chalmin, économiste et historien, en présentant l'édition de 2013 du rapport Cyclope dont il dirige la publication. Ce document de plus de 700 pages analyse les grandes tendances des « commodités » dans le monde.
« En 2012, les vedettes des marchés des matières premières auront été les grains », a déclaré mardi Philippe Chalmin. Une situation engendrée par les fortes tensions liées à la sécheresse aux Etats-Unis et les problèmes climatiques en mer Noire.
« Deux incertitudes ont marqué l'année, la Chine et le climat », a-t-il expliqué. « En Chine, le changement de l'équipe au pouvoir a engendré une paralysie de l'activité économique avant le dix-huitième congrès du Parti communiste chinois en novembre 2012 », a détaillé Philippe Chalmin. Les marchés ont suivi à la baisse avec un minerai de fer entre 80 et 90 $ la tonne en septembre, un bon indicateur de l'activité économique du pays.
Puis le rythme chinois a repris après le congrès ramenant le minerai autour des 140 $ la tonne. « La Chine a été une variable majeure des marchés en 2012 et le reste en 2013 », a souligné Philippe Chalmin. « Selon que la croissance chinoise se situera à 7 ou 9 % en 2013 la lecture des marchés sera très différente », a-t-il insisté. Au premier trimestre de 2013, la croissance chinoise s'est établie autour de 7 %.
Autre incertitude, le climat. « Nous sommes sur le fil du rasoir », a déclaré Philippe Chalmin, avec des réserves de céréales relativement basses pour la fin de la campagne de 2012-13. Si de bonnes prévisions de reconstitutions des stocks de grains sont actuellement affichées pour les pays exportateurs, des questions restent en suspens.
« Va-t-il pleuvoir dans les grandes plaines des Etats-Unis ? Va-t-on profiter d'une bonne climatologie sur la mer Noire ? » En revanche, il a estimé que l'actuelle sécheresse en Nouvelle-Zélande, ayant fait fortement progressé les prix des produits laitiers, pourrait être une bonne chose pour la France et ses exportations. Le principal fournisseur de la Chine, la Nouvelle-Zélande, souffrant de disponibilités en berne. Enfin, or accident climatique majeur, Philippe Chalmin a fait part d'un sentiment plutôt baissier sur les marchés céréaliers pour la campagne de 2013-14.
Le cru 2013 du rapport Cyclope est intitulé, « Crises et châtiments ». Philippe Chalmin a expliqué son titre comme suit : « Crises, en raison, notamment, des tensions sur les marchés du pétrole, toujours entre 90 et 100 $ le baril, et des céréales. Et châtiments, face à l'incapacité de notre planète à répondre à ces crises. » Selon lui, les échecs des négociations au sein de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), le manque de conséquences pratiques des réunions du G20 et l'absence d'un réel impact du forum de réaction rapide de la FAO (Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation) traduisent la panne de la gouvernance mondiale.