Deux documents pour lutter contre la malnutrition – la « déclaration de Rome sur la nutrition » et un « cadre d'action » – doivent être adoptés lors de la deuxième conférence internationale sur la nutrition (CIN2) réunie du mercredi 19 au vendredi 21 novembre 2014 au siège de l'Organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) à Rome.
Ces deux documents, qui ont été rédigés conjointement par les Etats et les acteurs de l'organisation de la société civile (OSC), reconnaissent « le droit à l'alimentation, l'impact négatif de la pauvreté et de l'exclusion sociale sur la nutrition, la nécessité d'adopter des politiques intégrées et la responsabilisation des consommateurs », indique la FAO.
Les Etats s'engagent
Dans la déclaration, les Etats s'engagent à « éliminer la faim à l'échelle mondiale et à prévenir toute forme de malnutrition » : la sous-alimentation, le retard de croissance, les carences en micronutriments, en particulier l'anémie, et l'excès pondéral. Ils soulignent que « les facteurs de risques alimentaires, associés à une activité physique insuffisante, représentent près de 10 % du fardeau mondial de la maladie et de l'invalidité ».
Ils réaffirment que « l'alimentation ne devrait jamais être utilisée comme instrument de pression politique et économique ».
Ils soulignent que « les facteurs de risques alimentaires, associés à une activité physique insuffisante, représentent près de 10 % du fardeau mondial de la maladie et de l'invalidité ».
Les Etats s'engagent également à « investir davantage » dans une nutrition correcte, avec un effort particulier pour les enfants et les mères.
L'importance de l'agriculture familiale et des petites exploitations
La FAO indique que ce document rapelle la place des producteurs dans la lutte contre la malnutrition via « le rôle central de l'agriculture familiale, des petits exploitants agricoles, et plus particulièrement des productrices ; et l'importance des circuits alimentaires locaux ».
Pour Margaret Chan, directrice générale de l'OMS, « Le système alimentaire mondial ne fonctionne plus, à cause de sa dépendance à une production industrialisée de nourriture toujours moins chère et mauvaise pour la santé »
M. Valente, chef du groupe de liaison des OSC, ajoute, lui, que la déclaration « insiste aussi sur les responsabilités normatives et réglementaires de la FAO et de l'OMS.
Le cadre d'action associé présente 60 recommandations techniques pour les Etats, qu'ils sont invités à appliquer en fonction des circonstances locales.
Dans ce contexte, Margaret Chan appelle les gouvernements à faire preuve de « créativité » et à oeuvrer « avec la socité civile, la communauté scientifique et le secteur privé pour trouver les bonnes solutions ».
Le pape en guest star
La conférence aura lieu en présence de représentants de 190 pays, dont plus d'une centaine de ministres de la Santé et de l'Agriculture, ainsi que de nombreuses ONG et entreprises privées. Elle est organisée conjointement par la FAO et l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
La principale personnalité invitée sera le pape François, fermement engagé dans la lutte contre la faim, qui doit se rendre jeudi matin au siège de la FAO pour s'exprimer devant les délégués.
La malnutrition va au-delà de la faim
La malnutrition est un phénomène multiforme qui va bien au-delà de la famine et touche des milliards de personnes dans le monde.
« Les coûts humains de la malnutrition sont très élevés : 805 millions de personnes sont sous-alimentées et 161 millions d'enfants ont un retard de croissance », indique Leslie Amoroso, experte en nutrition à la FAO. Elle évoque « un problème global qui exige une action coordonnée dans de nombreux secteurs ».
Certes, le nombre de personnes sous-alimentées a été plus que divisé par deux en deux décennies, passant d'un milliard lors de la première CIN en 1992 à 805 millions en 2014.
Mais la malnutrition, ce n'est pas seulement la faim : deux milliards de personnes souffrent ainsi de carences en micronutriments (vitamine A, iode, fer, zinc...), appelée aussi « faim cachée », tandis que 42 millions d'enfants et 500 millions d'adultes souffrent d'excès pondéral ou d'obésité.
Le développement économique impacté par la sous-alimentation
Or, ces déséquilibres constituent « un frein au développement » : investir dans une alimentation saine « améliore la productivité et la croissance économique, réduit les coûts de l'assistance sanitaire et promeut l'éducation et les capacités intellectuelles », selon Mme Amoroso.
Pour Luca Russo, économiste auprès de la FAO, « dans les pays où le secteur agricole et de la pêche dépendent fortement du travail humain et non des machines, ces jeunes (ayant été en sous-nutrition) auront moins de capacité physique pour travailler et intellectuelles pour apprendre de nouvelles techniques ».
Le coût de la sous-alimentation est évalué à environ 16 % du produit intérieur brut (PIB) en Ethiopie, à près de 6 % en Bolivie, et à 3 ou 4 % dans d'autres pays moins touchés.