Le projet de loi d'avenir « ne répond pas » aux enjeux de l'agriculture, de l'alimentation et la forêt, affirment les fédérations CGT de l'agroalimentaire, de l'Inra, du ministère de l'Agriculture et du Crédit Agricole dans un communiqué du 6 février 2014.
« Malgré quelques avancées mineures sur l'installation d'agriculteurs ou l'agroécologie, ce projet ne rompt pas avec la recherche de compétitivité de l'agriculture, fil rouge de la dernière réforme de la Pac. Cette dernière s'inscrit aussi dans la mise en concurrence des agricultures dans le monde au nom de la “concurrence libre et non faussée” qui ne peut que poursuivre la concentration agraire. Les maîtres mots en sont “performance économique et environnementale”. »
« Les salariés sont totalement ignorés dans le projet de loi. Leur situation extrêmement dégradée (faible salaire, précarité, conditions de travail pénibles, voire dangereuses...) n'est pas abordée. L'absence de la dimension sociale dans la performance recherchée en dit long sur l'intérêt porté par le gouvernement aux salariés de ces secteurs. Les restructurations, les fermetures de sites et les licenciements se multiplient. Aucune proposition concrète n'est faite pour sauvegarder notre industrie et reconquérir les filières mises en difficulté par les stratégies de rentabilité financière. L'Etat doit assumer ses responsabilités et s'opposer à cette casse afin de sauvegarder notre souveraineté alimentaire et répondre aux besoins de la population pour un accès de tous à une alimentation saine, équilibrée et de qualité. »
« Concernant le service public, le projet de loi poursuit la politique destructrice des gouvernements précédents sur fond d'austérité renforcée. La restructuration des services du ministère de l'Agriculture n'est pas abordée et encore moins remise en cause. L'alimentation et la sécurité alimentaire devaient être un axe essentiel de la loi, notamment concernant les fraudes alimentaires. Or, il n'y a aucun moyen humain et financier supplémentaire pour les services chargés des différents contrôles réglementaires. »
« Concernant l'enseignement agricole, on ne peut que souligner le manque d'ambition de la loi, notamment concernant l'enseignement public. La question du financement des exploitations et ateliers technologiques des lycées agricoles, spécifiques de l'enseignement public, et de leur rôle pédagogique n'est pas abordée. Les mesures de promotion sociale ne sont pas de nature à répondre au défi du décrochage scolaire ou aux attentes des familles de parcours scolaires véritablement choisis. »
« Le projet de LAAF crée l'Institut agronomique et vétérinaire et forestier de France (IAVF), sorte d'énorme usine à gaz rassemblant tous les établissements publics d'enseignement supérieur relevant du ministère de l'Agriculture ainsi que tous les organismes de recherche et de développement travaillant dans les domaines de l'agronomie, des services vétérinaires, de la santé publique, de la sécurité alimentaire et de l'environnement. Dans un contexte de baisse drastique des budgets publics, cette nouvelle entité n'a comme but que de mutualiser les moyens et personnels des établissements qui accepteraient de lui transférer leurs compétences. Ce projet risque de remettre gravement en cause la structuration de l'enseignement supérieur et de la recherche publique agronomique reconnus mondialement pour leur qualité et porter atteinte aux acquis et conditions de travail des personnels de ces établissements. La CGT se prononce pour l'abandon pur et simple du projet d'IAVF. »
« Concernant la forêt, si l'objectif de son développement durable est réaffirmé, celui-ci ne peut se concrétiser qu'en réaffirmant les principes d'une gestion multifonctionnelle des forêts mise à mal depuis plusieurs années et aggravée sous la présidence de Sarkozy. Le contrat de plan Etat-ONF doit être revu en profondeur, notamment par le réengagement de l'Etat et l'arrêt de La privatisation rampante de l'office et des restructurations et baisse des effectifs qui s'en suivent. »
« Concernant le financement, le Crédit Agricole a un rôle essentiel à jouer dans la mise en œuvre d'une politique agricole, alimentaire et forestière nationale assurant la réponse aux besoins et le développement de nos potentiels. Deux conditions préalables s'imposent pour diriger les financements et veiller à atteindre les objectifs fixés : la renationalisation de Crédit Agricole SA et le renforcement du mutualisme dans les caisses locales y associant usagers et salariés. D'autre part, il est indispensable d'avoir une traçabilité de l'utilisation de l'épargne et de l'emploi des crédits sur les territoires actuels des Caisses régionales. »
« Au final, ce projet de loi n'est pas acceptable car ne répondant pas aux exigences d'une rupture avec les logiques capitalistes de mise en concurrence des agricultures et des salariés, d'une mise à l'encan des services publics, de mise à mal des ressources naturelles et de l'environnement par la recherche de rentabilité financière à court terme. Les attentes de la population nécessitent de mettre en œuvre une toute autre politique, afin d'assurer la souveraineté alimentaire nationale, la qualité alimentaire et la santé publique, l'environnement, l'emploi, la défense et le développement des potentiels agricoles et alimentaires », revendique encore la CGT.