Le groupe italien Parmalat a rejeté, le mardi 17 mai 2011, l'offre publique d'achat (OPA) de Lactalis, la jugeant trop basse, mais le français, qui veut devenir numéro un mondial du secteur laitier grâce à ce rachat, ne compte pas relever son offre.
Parmalat, qui avait chargé la banque américaine Goldman Sachs d'examiner les termes de cette OPA, a annoncé que son conseil d'administration avait « décidé à l'unanimité (...) que le prix offert ne représente pas la valeur du capital économique de Parmalat dans le cadre d'une prise de contrôle ». Le groupe italien n'indique pas en revanche quel prix il jugerait acceptable.
Du côté de Lactalis, Antonio Sala, président de la filiale italienne et directeur général du groupe, avait lundi fermé la porte à toute surenchère, martelant que « le prix est celui » annoncé.
L'OPA de Lactalis étant volontaire et n'ayant pas été imposée par l'autorité boursière, le français n'a aucune obligation de relever son offre, qui devient en pratique hostile en raison du rejet de Parmalat.
Après être monté au capital de Parmalat en mars et avoir atteint près de 29 %, Lactalis a pris tout le monde de court en annonçant le 26 avril 2011 le lancement d'une OPA à 2,60 euros par titre sur le reste du capital pour 3,375 milliards.
Mais à ce niveau, le prix de cette OPA est inférieur aux 2,80 euros par titre payés par Lactalis en mars pour racheter les 15,3 % détenus par trois fonds d'investissement.
Le groupe français fait toutefois valoir que le prix de 2,60 euros représente une prime de 21,3 % par rapport au cours moyen de l'action Parmalat durant les douze mois ayant précédé l'annonce de l'offre.
Les analystes s'attendent à ce que les actionnaires vendent leurs titres malgré le rejet de Parmalat, dont le patron, Enrico Bondi, qui sera débarqué lors du renouvellement du conseil à la fin de juin 2011, a indiqué le jeudi 19 mai 2011 qu'il n'avait pas cherché d'alternatives.
Le titre Parmalat a d'ailleurs clôturé le mardi 17 mai 2011 sur une baisse de 0,15 %, à 2,61 euros, soit très légèrement au-dessus du prix proposé par Lactalis, ce qui montre que le marché ne semble pas croire à l'hypothèse d'une surenchère.
Comme l'a révélé le prospectus de son OPA, qui a levé le voile sur les comptes du groupe très secret, Lactalis a déjà une dette de 4,3 milliards d'euros et va financer son OPA exclusivement par endettement. Une rallonge ne serait donc pas la bienvenue pour le français.
L'OPA de Lactalis, qui a reçu vendredi le feu vert de l'autorité boursière italienne, se déroulera du 23 mai au 8 juillet 2011. Son succès est conditionné à la détention d'au moins 55 % du capital.
Avec Parmalat, Lactalis entend devenir le « premier groupe mondial » du secteur laitier avec un chiffre d'affaires d'environ 14 milliards d'euros.
Seul, le groupe français a dégagé en 2010 un chiffre d'affaires net de 9,4 milliards (+11 %) et un bénéfice net de 308 millions (+9,6 %).
L'offensive de Lactalis a suscité un vif émoi en Italie et Rome a tout fait pour la bloquer. Le gouvernement avait notamment permis à Parmalat de repousser son assemblée générale à la fin de juin 2011 afin de donner le temps à des banques italiennes et à la Caisse des dépôts, contrôlée par l'Etat, de mettre sur pied une alliance italienne pour défendre Parmalat mais la tentative a échoué.
Sur le plan social, Lactalis a su en revanche rassurer les syndicats italiens qui ont apporté lundi leur soutien à l'offre, estimant que le rapprochement entre les deux groupes aurait des répercussions positives en termes d'emploi.
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