La Coordination rurale (CR) et sa branche laitière, l'Organisation des producteurs de lait (OPL), appellent la commission d’experts dits «de haut niveau» (mise en place par Bruxelles pour proposer des solutions à la crise du secteur laitier au niveau européen, ndlr) à «conclure rapidement et préconiser une régulation par les volumes précise et efficace de la production et du marché du lait européen pour permettre aux producteurs de tirer un revenu normal de leur travail et aux consommateurs d’acheter leur lait à un prix juste et équitable», dans un communiqué diffusé lundi.
Pour les deux syndicats, «seule une remise en question claire et immédiate de la politique laitière européenne actuelle, directement responsable de la crise, peut sauver notre secteur laitier». En effet, «ni la future loi de modernisation agricole avec ses contrats obligatoires, ni les plans de soutien les plus médiatisés soient-ils ne peuvent apporter de solution à ce drame économique et social».
Sans compter que l’application de l’accord du 3 juin 2009 pour déterminer le prix du lait au premier trimestre de 2010 «casse les espoirs des producteurs». «Les prix annoncés demeurent dramatiquement bas, bien en dessous des prix d’il y a un an et bien en deçà du coût de production, regrettent l'OPL et la CR. Avec un coût de production de l’ordre de 315 €/t avant rémunération de leur travail, les producteurs produisent à perte et font cadeau aux laiteries de 30 à 50 €/t qu’ils leur livrent. Cette situation est scandaleuse et insupportable.»
«Faut-il continuer à travailler pour produire du lait jusqu’à la ruine ou vaut-il mieux s’arrêter tout de suite en entraînant la filière dans sa chute?», questionnent les syndicats, qui rappellent que «sans une densité suffisante de producteurs, c’est l’existence de la laiterie qui est directement en cause et sans laiterie, c’est toute l’activité économique du secteur qui s’arrête: fournisseurs de matériel, d’aliments, de soins et médicaments vétérinaires, etc.»
De son côté, l'EMB (European Milk Board), dont fait partie l'OPL, rappelle que le groupe à haut niveau a été établi afin de trouver des solutions à certains défis (empêcher les importantes fluctuations sur le marché du lait, en accroître la transparence et renforcer la position des producteurs de lait à la table des négociations) .
«Jusqu’à présent, aucun résultat substantiel n’a encore été publié et les producteurs de lait n’ont plus été consultés depuis la réunion du mois de novembre 2009. Il semble que, jusqu’à présent, la Commission européenne continue à éviter toute participation cohérente des acteurs économiques de l’agriculture en amont de ses décisions», déclare Willem Smeenk, membre français du comité exécutif de l’EMB. «Par ailleurs, les travaux du groupe à haut niveau devraient aller vite et il faudrait bien plus de transparence dans le processus de consultation et de décision de ce groupe.»