L'OPL (Organisation des producteurs de lait, branche de la Coordination rurale) a réagi vendredi à la proposition de la Confédération paysanne faite aux autres syndicats d'élaborer une position commune sur l'après-quotas laitiers.
Dans sa lettre ouverte à Gérard Durand (Confédération paysanne) et aux autres syndicats et organisation laitières (1), Daniel Condat, président de l'OPL, souligne en ouverture que son syndicat « n'a jamais été convié à participer (au) colloque de Fougères de la fin de novembre ».
Cette rencontre organisée le 29 novembre dans l'Ille-et-Vilaine par la Confédération paysanne autour du thème « Après 2015, quel avenir pour les producteurs de lait ? » avait regroupé plusieurs acteurs de la filière laitière, parmi lesquels des responsables syndicaux de tous bords, y compris des représentants européens.
« Nous le regrettons, indique D. Condat, d'autant plus que nous travaillons depuis plus de deux années sur la mise en place et l'organisation de France Milk Board où la Confédération paysanne, certes tardivement, avait répondu favorablement à l'invitation de Paul de Montvalon, président de l'Office du lait pour participer à ce projet rassemblant tous les producteurs collecteurs à l'échelle des bassins laitiers. »
L'OPL s'étonne que la Confédération paysanne « se tourne vers d'autres orientations que celles prises conjointement avec l'Apli (Association des producteurs de lait indépendants) et l'Office du lait ».
Elle relève avoir débuter sa réflexion sur l'observatoire des prix et des volumes depuis 2006, au sein de l'European Milk Board (EMB) pour mettre en place une agence d'observation et de régulation « avec pour objectif premier [...] un prix équitable pour les producteurs ».
L'OPL propose de « continuer de regrouper massivement les producteurs en toute indépendance en OP transversale telle que FMB » (France Milk Board) dont les antennes du Sud-Ouest et du Grand Ouest viennent d'obtenir leur reconnaissance récemment, annonce la section spécialisée de la Coordination rurale.
Elle souhaite également « observer les volumes avant de constater les prix ». Car selon l'OPL, « des prix trop faibles, en dessous des coûts de production sont la conséquence de trop de volumes produits ». Il est « inutile d'observer des prix si en amont » l'Europe ne fait pas de « prévention » et est « incapable d'observer les volumes et de réagir rapidement en fonction de ces évolutions ».
Or dans leurs propositions, « la Confédération paysanne tout comme d'ailleurs la FNPL via le Copa-Cogeca s'entêtent dans cette voie désastreuse de réagir quand le mal est déjà fait », estime l'OPL.
Elle demande à FranceAgriMer de « mandater une étude mathématique sérieuse et incontestable sur l'influence des volumes produits sur les prix à la production, les conséquences des amplitudes de variation de volumes sur les écarts de prix à la production, les durées de réactions des marchés sur ces prix » afin de lever « le doute d'une existence d'une telle corrélation [...] notamment chez nos décideurs politiques ».
L'OPL explique qu'elle poursuit son travail sur une politique de régulation des volumes et des prix au niveau européen au sein de l'EMB, et sur la mise en place de cette agence de régulation européenne.
Et finalement en réponse directe à la proposition d'une intersyndicale formulée par la Confédération paysanne autour du dossier de l'après-quotas, D. Condat rétorque que la période actuelle ne « semble pas très opportune pour engager des négociations trans-syndicales où nous risquons plus des surenchères et des effets de manche au détriment de la poursuite du travail sérieux et constructif que nous avons effectué dans le passé ».
Il ménage cependant ses interlocuteurs en les assurant de son « implication quotidienne dans la défense des producteurs de lait » autant que dans son « ouverture d'esprit envers d'autres syndicats ».
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