« S'il n'y a pas de revenu, il y aura des charrues, a prophétisé Thierry Roquefeuil lors d'une conférence de presse de la FNPL (Fédération nationale des producteurs de lait), le 13 décembre 2012 à Paris. Pour maintenir la production laitière, il faut un prix du lait correct. » Ce sujet sera l'objectif numéro un du syndicat pour 2013.
L'évolution des revenus des producteurs de lait est une mauvaise nouvelle, mais « pas une surprise », a estimé le président de la FNPL. « Les indicateurs interprofessionnels indiquent des hausses de charges de 30 €/1.000 l en un an. Ce montant doit être pris en compte pour 2013. Les industriels doivent être capables d'offrir à leurs producteurs un prix du lait leur permettant d'avoir un revenu décent et qui reflète le marché. »
La FNPL revendique un prix de base à 340 €/1.000 l pour le premier trimestre de 2013. « C'est un niveau de prix qui sera aussi pratiqué dans les pays voisins », a souligné Thierry Roquefeuil.
« S'il n'y a pas de prix, il n'y aura pas de production, a alerté Jean Turmel, secrétaire général adjoint de la FNPL. On passera à côté d'opportunités essentielles sur le marché mondial quand ce dernier se redressera. » André Bonnard, trésorier, a souligné que « la consommation européenne stagne ; c'est le marché global qui se développe ». Thierry Roquefeuil a appelé les entreprises « à se remettre en cause elles aussi ». « Chez certains transformateurs, il y a un manque de compétitivité flagrant. »
Les responsables syndicaux ont par ailleurs évoqué les mécanismes de gestion de crise proposés par le Parlement européen (compensation financière aux producteurs qui baissent leur production quand une crise s'annonce), se félicitant que la proposition initiale de la FNPL ait fait naître le débat sur le sujet.
En revanche, la FNPL ne devrait pas saisir la main tendue lancée par la Confédération paysanne (CP) hier, estimant que l'interprofession est le lieu d'expression des producteurs. « Pourquoi alimenter un autre lieu ? » Thierry Roquefeuil explique que le Cniel (interprofession laitière) a entamé une réflexion sur l'ouverture aux syndicats minoritaires, mais que la CP a mis six mois à y répondre. Il estime aussi que la FNPL ne refuse pas le dialogue ; pour preuve, elle a répondu présente au colloque organisé par la CP, le 29 novembre 2012 à Fougères.
Visionnez l'interview de Thierry Roquefeuil.