Victorin Lurel, ministre des Outre-Mer, a pu constater samedi après-midi les importants dégâts causés à l'agriculture réunionnaise par le cyclone Bejisa et a promis une indemnisation rapide à des maraîchers démoralisés et sceptiques.
À Piton Hyacinthe, un bourg de la commune du Tampon (sud) considéré comme l'un des principaux potagers de l'île, M. Lurel est allé à la rencontre de maraîchers. Avec l'arboriculture et l'horticulture, ce secteur agricole a été particulièrement atteint par l'ouragan.
« Nous avons tout perdu, nous sommes sinistrés à 150 %. Il ne nous reste plus rien, juste nos deux yeux pour pleurer », lance un maraîcher en montrant son champ de fraises entièrement ravagé. D'autres parlent de leurs plantations de pommes de terre, de poireaux, de choux et de carottes complètement dévastés.
Victorin Lurel s'est voulu rassurant en réitérant ses engagements pris dès le matin même concernant la déclaration rapide de l'île en situation de catastrophe naturelle. « Déposez vos demandes d'aides au plus vite. Nous les traiterons le plus rapidement possible », a-t-il ensuite répété à plusieurs reprises. Visiblement sans convaincre. Plusieurs agriculteurs se sont plaints de n'avoir été indemnisés qu'en octobre, voire en novembre 2013 des pertes provoqués par le cyclone Dumile en janvier 2013.
Selon la chambre d'agriculture, environ 90 exploitants n'auraient toujours rien perçu à ce jour. « Nous avons entendu le ministre et ses engagements. Nous espérons vraiment que nous serons indemnisés rapidement, mais sincèrement nous n'y croyons pas trop », ne cache pas Jean-Bernard Gonthier, président de la chambre d'agriculture. Il souligne aussi qu'en deux ans l'agriculture réunionnaise a subi trois sécheresses et trois cyclones. « Nos agriculteurs n'en peuvent plus, ils n'ont plus du tout de trésorerie », dit-il.
Depuis vendredi soir, le chiffre de 55 millions d'euros est cité pour les pertes causées à l'agriculture par le passage de Bejisa. Ce chiffre n'est pas confirmé par la direction de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (Daaf). « Il est beaucoup trop tôt pour donner une estimation », estime Olivier Degenmann, directeur adjoint de la Daaf. Une commission d'expertise regroupant des experts de la Daaf et de la chambre d'agriculture sera mise en place dès la semaine prochaine. Elle sera chargée de faire « un état des lieux secteur par secteur », note Olivier Degenmann.
Une enveloppe globale de quelque 6 millions d'euros d'indemnisation, représentant 25 à 30 % des pertes, a été versée aux agriculteurs à la suite du passage de Dumile.