En France, la montée des prix des céréales « frappe de plein fouet les éleveurs » et « à l'inverse, les céréaliers français voient leurs revenus s'accroître considérablement alors même que plus d'un tiers des aides de la Pac – 20 milliards d'euros sur 54 milliards – leur sont déjà alloués », expliquent José Bové et plusieurs représentants d'Europe Ecologie (1), dans une tribune publiée dans Le Monde daté du mercredi 25 août 2010.
« Nous demandons une modulation des aides compensatoires, afin qu'un quart des aides Pac 2010 aux céréaliers (5 milliards d'euros) soit redirigé vers les éleveurs et vers des politiques de coopération internationale », avancent-ils.
« Le prix des céréales explose, ceux du porc et de la viande bovine baissent, tandis que le prix du lait reste en dessous des coûts de production. Les éleveurs qui ont opté pour des systèmes herbagers – qui respectent l'environnement et leur apportent une plus grande autonomie pour l'alimentation du bétail – seront les plus injustement touchés par l'augmentation des prix des céréales, et donc de l'alimentation animale, alors qu'ils sont parmi les moins aidés par les dispositifs publics », ajoutent-ils.
« Force est de constater que depuis 2008, tout a été fait, au nom de la simplification de la politique agricole commune (Pac), pour réduire à néant les outils européens existants de gestion des marchés alors qu'il fallait mieux maîtriser les marchés, réduire la dépendance aux importations de denrées alimentaires, entraver l'extension des agrocarburants au détriment des cultures vivrières, constituer des stocks d'urgence », déplorent les représentants d'Europe Ecologie.
« A partir de ce constat, les décideurs se sont convaincus de l'importance de relancer les investissements dans l'agriculture. Le revers de la médaille, c'est la ruée sur les terres arables de certains Etats et groupes privés qui mettent à mal le développement d'une agriculture paysanne, pourtant seule à même de répondre aux problèmes de la faim et de pauvreté des pays du Sud », ajoutent-ils.
« Il est temps d'amorcer une transformation écologique et sociale de notre modèle agricole. Cela passe par un encadrement fort des marchés afin de garantir des prix justes pour les producteurs, tout en préservant le pouvoir d'achat des consommateurs. La réforme de la Pac qui s'amorce constitue une opportunité unique pour remettre à plat les orientations stratégiques de la politique agricole européenne. C'est un nouveau contrat entre la société et ses paysans qu'il nous faut construire », concluent-ils.
_____
(1) La tribune publiée dans Le Monde est signée par :
- José Bové, eurodéputé (Europe Ecologie) ;
- René Louail, paysan, conseiller régional (Europe Ecologie) au conseil régional de la Bretagne ;
- François Dufour, paysan, vice-président d'Europe Ecologie de la Basse-Normandie ;
- Serge Morin, paysan, vice-président d'Europe Ecologie du Poitou-Charentes.
Lire également :
Titre
jeudi 02 septembre 2010 - 21h17
Tout à fait d'accord. De toute façon il n'y a pas plus démagogue que Mr. Bové! Encore un de nos supposés représentants élus qui n'a pas étudié ses dossiers. Que l'on prélève 25% de la rémunération totale de nos élus européens, nationaux, régionaux, de nos cantons, de nos communes et communautés de communes afin d'aider les éleveurs!!! Mr. Bové oublie que nous payons le fioul, les engrais, tous nos intrants plus chers lorsque le prix des céréales monte. Attendez de voir comment les prix des intrants vont être augmenter: mais cela personne n'en parle. Je suis jeune agriculteur et l'année dernière je n'ai eu assez de revenus pour payer l'ensemble de mes charges!!! Tout cela ressemble encore une fois à dire que le prix du pain augmente à cause du prix des céréales! Y en a marre d'entendre tous ces cons agrippés à leur place!