Le célèbre gruyère suisse restera seul à détenir l'appellation d'origine contrôlée (AOC), après la décision des producteurs français de renoncer à obtenir le même label auprès de Bruxelles, a rapporté dimanche la presse suisse.
« Se rangeant aux recommandations de la Commission européenne, la filière française a décidé d'abandonner à la Suisse l'appellation d'origine contrôlée (AOC) », explique le quotidien la Liberté dans sa Une sur internet.
Le directeur de l'interprofession suisse, Philippe Bardet confirme: les Français ont informé les Suisses qu'ils ont renoncé à l'AOC européenne pour se contenter du label d'indication géographique protégée (IGP).
Les Suisses ont salué cette décision qui met fin à un conflit sur le premier des fromages helvétiques.
C'est « la solution la plus sage », a commenté le président du Syndicat interprofessionnel du Gruyère (SIG) Gabriel Moureaux, cité par la Liberté.
Les deux fromages, dont le goût diffère totalement, ont reçu une AOC dans leur pays respectif, en 2001 pour le suisse et en 2007 pour le français qui se caractérise par des trous.
Les hostilités ont commencé il y a trois ans, quand la France a voulu l'Appellation d'origine protégée (AOP) - équivalent de l'AOC mais au niveau européen - pour son fromage, provoquant l'ire des producteurs de la Confédération qui exportent de grandes quantités de leur champion dont les origines remontent au Moyen-Age.
Mais au printemps, le dossier français a été jugé faible par la Commission européenne, celle-ci estimant que « la zone d'affinage débordait très largement de la zone de production », contrevenant ainsi aux exigences de l'AOP, explique la Liberté.
La Commission recommandait alors à l'hexagone de se contenter d'une IGP, moins prestigieuse mais qui permet toujours l'utilisation du nom. Ce que les producteurs français ont fini par accepter, selon la Suisse.
Désormais, « il faut se battre pour une protection» au niveau mondial dans le cadre des accords de libéralisation des échanges à l'OMC, a estimé le directeur de Interprofession du Gruyère.
« L'enjeu est de taille, car il porte sur la protection totale du nom », a-t-il ajouté. Ce que veulent concrètement les Suisses, c'est une protection identique à celle qui existe à l'OMC pour les produits viticoles. Mais, reconnaît Philippe Bardet, l'affaire n'est pas gagnée étant donné l'état laborieux des négociations à l'OMC.
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