Le gouvernement français a décidé d'abroger les trois permis exclusifs de recherche de gaz de schiste dans le sud de la France accordés au printemps de 2010, a annoncé lundi la ministre de l'Ecologie Nathalie, Kosciusko-Morizet.
« Nous avons décidé d'abroger les trois permis de recherche de Nant (Aveyron), Villeneuve-de-Berg (Ardèche) et Montélimar (Drôme) » attribués, pour les deux premiers à la compagnie américaine Schuepbach et pour le troisième à Total, a indiqué la ministre.
Après le vote d'une loi en juin interdisant la technique controversée de la fracturation hydraulique, la seule permettant aujourd'hui d'exploiter les hydrocarbures non conventionnels, les industriels avaient deux mois pour déclarer la technique qu'ils comptaient utiliser.
« Dans les deux rapports Schuepbach était explicitement mentionné le projet d'utiliser la fracturation hydraulique », a souligné la ministre.
Dans le rapport de Total, « ce n'était pas le cas » mais « j'ai fait valoir l'argument que ce rapport n'était pas crédible », a-t-elle estimé.
« Total déclare vouloir maintenant chercher des hydrocarbures classiques, donc non gaz de schiste, dans une zone où le potentiel est très limité et alors même que Total se désintéresse de la recherche du conventionnel sur le territoire terrestre français depuis des années », a expliqué la ministre.
« Et Total annonce aussi vouloir continuer à rechercher du gaz de schiste avec des techniques qui ne sont pas la fracturation hydraulique. Or on sait aujourd'hui que ces techniques ne sont pas opérationnelles », a-t-elle ajouté.
Le Parlement avait voté une loi avant l'été sous la pression d'élus locaux et à la suite de plusieurs manifestations dans le sud de la France pour dénoncer la fracturation hydraulique, technique notamment accusée de polluer les nappes phréatiques.
Le président de la République, Nicolas Sarkozy, se rend dans le Gard mardi, dans l'un des départements concernés par ces permis exclusifs de recherche de gaz de schiste.
La décision du gouvernement d'abroger les trois permis exclusifs de recherche de gaz de schiste dans le sud de la France est « un premier pas important », a estimé lundi l'eurodéputé José Bové, tout en mettant en garde sur les autres permis concernant les hydrocarbures.
« C'est une satisfaction par rapport au combat qu'on a initié en décembre 2010, notamment sur ces trois permis qui ont été les plus emblématiques de la résistance », a indiqué le chef de file des anti-gaz de schiste.
« Malgré cela, il y a une certaine amertume, car ce sont trois permis sur les 64 autorisés (pour la recherche d'hydrocarbure en France) qui sont aujourd'hui pris en compte », a ajouté le militant écologiste.
« Je ne peux pas me satisfaire de cette seule décision sans véritable expertise sur l'ensemble des dossiers puisque le fait que les industriels disent simplement qu'ils n'utiliseront pas la fracturation hydraulique a l'air de suffire au gouvernement pour leur maintenir leur permis », a-t-il regretté.