Des agriculteurs marocains ont indiqué qu'ils allaient porter plainte devant la Cour de justice de l'UE (CJUE), en dépit du compromis récemment trouvé par Rabat et Bruxelles sur les conditions d'accès des fruits et légumes extracommunautaires au marché européen.
Il a été décidé « lors de notre dernier conseil, à l'unanimité de tous les intervenants du secteur, de défendre les intérêts de l'agriculture marocaine », affirme le vice-président de la Fédération interprofessionnelle des fruits et légumes (Fifel), Amine Mounir, cité vendredi par l'hebdomadaire Tel Quel.
La Fédération compte « déposer une plainte [devant] la Cour européenne de justice avant le 15 juillet » afin de demander « l'annulation de l'acte délégué », poursuit-il.
Après des semaines de discussions, la Commission européenne a annoncé le 20 juin un accord avec le Maroc sur les conditions douanières d'accès des tomates marocaines au marché du Vieux continent. La tomate constitue près du quart des exportations agricoles du royaume à destination de l'UE, son premier partenaire économique.
Rabat avait vivement protesté en avril après l'adoption d'un acte délégué réformant – à compter du 1er octobre prochain – les règles de dédouanement des produits extracommunautaires, dans le but de rendre le système plus transparent et de réduire les possibilités de contournement de la part des exportateurs, selon l'UE.
D'après Rabat, cette révision allait surtout entraîner une hausse des tarifs, menaçant le secteur agricole, qui contribue à hauteur de 15 à 20 % au PIB marocain.
Jeudi, lors d'un conseil de gouvernement, le ministre de l'Agriculture, Aziz Akhennouch, s'est félicité de l'accord, sur la base d'une « proposition du ministère », évoquant « une solution équilibrée » préservant « les intérêts et acquis des exportateurs agricoles marocains ».
Malgré ce compromis, le nouveau système « risque de réduire le tonnage que le Maroc exporte en Europe. [...] Il risque de perdre quelque 130.000 tonnes de son potentiel exportable », a de son côté estimé M. Mounir, selon qui « les conséquences peuvent être désastreuses sur les investissements réalisés et sur des milliers d'emplois ».
Sollicitée, la délégation de l'UE à Rabat n'a pu être jointe pour le moment.