Créée en 1976, l'Agence des espaces verts (AEV) est un outil qui permet à la Région Ile-de-France de protéger, gérer et aménager les espaces naturels (forêts, sites écologiques, espaces agricoles). Longtemps, l'action de l'AEV s'est concentrée sur la forêt. Mais depuis les années 1990, les espaces agricoles font l'objet d'une prise en compte accrue. « Les espaces agricoles ont été trop souvent considérés comme des espaces vides, des espaces libres à l'urbanisation par les élus et les urbanistes », dénonce Olivier Thomas, président de l'AEV et maire (PS) de Marcoussis.
En trente ans, la surface agricole de l'Ile-de-France a été réduite de 19 % et le nombre d'exploitations de 60 %. Chaque année, environ 1.000 hectares de terres agricoles disparaissent au profit de l'urbanisation. « La différence entre un mètre carré de terre agricole (entre 1 et 2 €/m² en zone périurbaine) et de terrain constructible (400 €/m²) aiguise les appétits ! La préservation des espaces agricoles est une affaire de volonté politique », estime Olivier Thomas.
L'AEV intervient principalement dans la ceinture verte sur des espaces fragilisés par la pression urbaine. La veille foncière s'exerce sur 17.000 ha d'espaces agricoles situés au sein des périmètres régionaux d'intervention foncière (PRIF).
« L'agence fait du portage de foncier, qu'elle acquiert en lien avec les Safer pour les conserver de façon définitive en espaces naturels ou agricoles », explique Olivier Thomas. En 2010 et 2011, 4 maraîchers, 2 éleveurs et un céréalier ont pu s'installer sur des propriétés régionales. Et l'agence recherche actuellement des candidats pour s'installer en maraîchage.
Au total, elle est propriétaire de 2.000 ha agricoles. « 250 ha sont cultivés en agriculture biologique », se félicite Olivier Thomas, même s'il n'en fait pas « un dogme ». Ils sont loués à une centaine d'agriculteurs par bail rural à long terme ou bail de carrière.
En trente ans, l'agence a investi 25 millions d'euros pour acquérir des terres agricoles. Le prix moyen d'achat (hors bâti) est généralement compris entre 0,50 et 1,50 €/m² pour des terres céréalières, et entre 1,50 et 2,50 €/m² pour des terres maraîchères. Pour 2012, deux gros projets mobilisent la Région : la répartition du foncier sur le plateau de Saclay (2.300 ha d'un seul tenant) et la mise en place d'un pôle maraîcher sur l'ancienne base aérienne de Brétigny (projet d'une centaine d'hectares).
« Les agriculteurs ont trop souvent le sentiment d'être mis à l'index. Or nous ne pouvons pas parler d'agriculture sans les agriculteurs, martèle Olivier Thomas. Nous devons multiplier les échanges entre les agriculteurs et les Franciliens. L'agence est un espace de dialogue. » Pour l'instant, l'établissement public n'a pas son équivalent sur le territoire français, « mais les autres Régions devraient suivre cet exemple », estime son président.