Le 30 octobre 2012, à l'initiative de la Safer de la Basse-Normandie, s'est tenue à Caen une réflexion sur les conséquences de la contractualisation laitière dans le choix du repreneur à compter de 2015.
Pour débattre sur ce thème, étaient invités Jean Bizet, sénateur de la Manche et rapporteur au Sénat sur les organisations de producteurs laitières, Patrick Ramet, vice-président de la FNPL (Fédération nationale des producteurs de lait), et Sébastien Amand, vice-président de l'OPNC (Organisation de producteurs Normandie-Centre) et tout nouveau président de l'Unell (Union nationale des éleveurs livrant pour Lactalis).
Avec la fin des quotas en 2015, la filière laitière française doit passer d'une situation très administrée à une logique de contrats entre industriels et producteurs. « Cette nouvelle liberté est compliquée à mettre en œuvre, constate Patrick Ramet. Malgré beaucoup de réticences en France, la fin des quotas est une opportunité pour beaucoup de pays européens, notamment au nord », assure-t-il.
Dans ce nouveau contexte, « les producteurs devront être en mesure de s'adapter au contrat qu'ils auront signé. Nous sommes à la veille d'une restructuration qui va modifier la taille et la façon de manager les exploitations », insiste le vice-président de la FNPL. Selon lui, « les exploitations laitières vont doubler, ce qui aura pour conséquence d'en diviser par deux le nombre ». Un constat qui l'interroge : « Combien d'actifs par exploitation ? Comment mettre en place la puissance des producteurs ? »
Il propose « la création d'une sorte de fonds de commerce laitier », qui aurait toute sa place dans la loi d'avenir agricole de 2013. Mais, là encore, plusieurs questions se posent : « A qui appartient ce fonds ? Au producteur ? Au propriétaire du foncier ? A l'organisation de producteurs ? Quelle est sa valeur ? Comment le transmet-on ? » Une chose est sûre, ce changement va engendrer de nouveaux besoins de formation qu'il faudra accompagner.
Le contrat en lui-même fait encore parler. Malgré sa mise en place, il y a plusieurs mois, des questions persistent : « Les contrats pourront-ils être cédés aux repreneurs des exploitations sans l'autorisation des industriels ? » Pour l'instant, ce n'est pas prévu, indique Sébastien Amand. « Un industriel pourra-t-il imposer un repreneur ? »
La grande mutation du secteur laitier est à venir et beaucoup de choses restent à faire. Ce séminaire se voulait avant tout prospectif, dans une région où sont regroupées 10 % des exploitations laitières françaises.