Lutter contre la faim dans le monde passe par la mise en place de schémas économiques classiques dans l'agriculture, et ne doit pas se limiter à une question humanitaire, ont estimé jeudi des participants au Forum économique mondial de Davos.
« Évidemment, résoudre la faim est une question morale, mais cela a également beaucoup de sens au niveau économique », a déclaré Shenggen Fan, le directeur de l'Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), lors d'une table ronde consacrée à la sécurité alimentaire.
Porte-monnaies électroniques ou micro-assurance ont été cités comme exemples d'utilisation d'outils économiques pour le secteur agricole des pays en développement.
« L'agriculture est payante. Il y a beaucoup d'argent à gagner pour les petits exploitants agricoles », a affirmé Akinwumi Ayodeji Adesina, le ministre nigérian de l'Agriculture et du Développement rural.
M. Adesina a mis en lumière les réformes engagées dans son pays, avec entre autres l'introduction de porte-monnaies électroniques permettant aux petits agriculteurs de recevoir directement sur leurs téléphones mobiles des bons d'achat pour des semences et des engrais.
« Nous sommes en train de développer un modèle d'affaires ouvert qui permet aux agriculteurs de créer de la richesse, et pas simplement de gérer la pauvreté », a-t-il défendu.
Illustration, selon lui, de l'intérêt économique qu'il y a : le nombre de sociétés de semences opérant dans le pays a ainsi décollé, passant de 10 à 70 en l'espace de deux ans.
Michel Liès, le directeur général de Swiss Re, est de son côté revenu sur le programme de micro-assurance que le groupe fournit à 1,4 million de petits exploitants en Afrique pour couvrir les risques sur les cultures jusqu'en 2017.
Il a dit espérer que les bénéficiaires de ce type de micro-assurance se soient suffisamment enrichis au cours des trente prochaines années pour ne plus avoir besoin de ce type de mesure et accéder à des produits d'assurance classiques. « Nous voulons amorcer la pompe », a-t-il expliqué.
Ellen Kullman, la patronne de DuPont, un des plus gros semenciers au monde, a pour sa part souligné que la question de la sécurité alimentaire se posait dans des termes différents d'un pays à l'autre. « Les questions au Nigeria sont différents de celles en Inde ou en Chine, ou dans d'autres endroits. »
Selon les statistiques du Programme alimentaire mondial, 842 millions de personnes dans le monde n'ont pas assez à manger et la malnutrition est la cause de 3,1 millions de décès chaque année chez les enfants de moins de cinq ans.